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Mission de l’Esprit-Saint de Montréal-Nord: elle claque la porte et change le prénom de ses six enfants

Photo: Photo TC Media - Claude-André Mayrand

Après avoir passé 25 ans au sein de la Mission de l’Esprit-Saint de Montréal-Nord, Christelle Bérubé a claqué la porte en 2011, emmenant avec elle ses six enfants. Elle a récemment changé les prénoms plutôt inusuels de ceux-ci, auprès du Directeur de l’état civil.

Exit Eugène Emmanuël, Eugénie, Fléchère, Laflèche-Raphaël, Richer et Richère. Voici Emmanuël, Maëva, Maëlly, Raphaël, James et Mégane. Les nouveaux prénoms devraient être approuvés au cours de l’été.

Dans la Mission de l’Esprit-Saint, qui se présente sur son site web comme un «mouvement pacifique et évolutif», tous les prénoms des enfants sont des dérivés du fondateur, Eugène Richer dit La Flèche, qui fonda la Mission en 1913 avant de décéder 12 ans plus tard. La Mission de l’Esprit-Saint de Montréal-Nord ne serait née qu’à la fin des années 1970.

Si aucune ligne de conduite n’est absolument obligatoire dans la Mission, il est fortement recommandé de suivre les grands axes, sous peine de subir le jugement des autres membres, affirme Christelle Bérubé.

«On ne se fait pas tordre le bras. Ce sont des choix personnels, mais tout est psychologique.»

Parmi ces axes à respecter figurent la non-consommation d’alcool et de drogue, l’accouchement à la maison, se marier jeune et, pour les femmes, de ne pas travailler pour s’occuper des enfants.

Et il y a la question des prénoms, qui servent de publicité à la Mission.

«On me disait « si tu comprends pourquoi tu es ici, tu vas donner ces noms-là à tes enfants pour faire de la publicité pour nous »», se souvient-elle

Quitter la secte
Mariée à 16 ans, Mme Bérubé accouche de son premier enfant à 18 ans. Sept ans après son union, son couple éclate. Voyant que personne ne l’aidait à la Mission et que les gens la jugeaient d’avoir pris la décision de se séparer, elle décide de quitter la Mission.

«Je suis partie parce qu’il était hors de question que j’élève mes enfants là-dedans. On n’est pas censé se séparer, mais dans la vie, ça peut arriver.»

Quitter la Mission ouvre de nouveaux horizons pour Christelle et ses enfants.

«La plus belle chose de l’enfance est avoir des amis et découvrir des choses. Ici, ils vont à l’école, ils ont des amis dans le quartier. Je ne voulais pas que mes enfants restent [confinés] à leur cour et qu’ils ne voient rien. Je voulais qu’ils s’épanouissent, qu’ils vivent des aventures. Je pense que c’est comme ça qu’on grandit.»

Un lavage de cerveau?
Christelle n’hésite pas à admettre que la Mission procède au lavage de cerveau des enfants.

Jusqu’à cinq fois par semaine, les membres se réunissent et les enfants peuvent écouter des «gourous» leur enseigner les valeurs de la secte pendant des heures.
Se retrouvant divorcée à 25 ans, monoparentale avec six enfants, sans travail et sans diplôme, elle avoue avoir trouvé sa nouvelle vie difficile au début.

Depuis, la jeune femme s’est trouvé un emploi dans l’entretien ménager. Elle opère même sa propre entreprise.

La Mission reste muette
Contacté par TC Media pour en savoir plus sur la Mission de l’Esprit-Saint de Montréal-Nord, un des administrateurs, Eugène Lafleur, a refusé de répondre à nos questions, prétextant que depuis plusieurs années, les médias disent du mal de l’organisation.

«Nous avons pris la décision de ne plus accorder d’entrevue à aucun média», dit M. Lafleur.

Il ajoute que les membres peuvent quitter la Mission comme ils le veulent et que c’est leur choix, sans vouloir élaborer davantage.

-Avec la collaboration de Jean-Marc Gilbert

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