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Des policiers à pied pour réduire les frictions

Photo: Photo TC Media - Jean-Marc Gilbert

Être policier ne consiste pas seulement à donner des contraventions et à procéder à des arrestations. Au poste de quartier 39, à Montréal-Nord, quatre agents d’expérience ont le mandat de patrouiller l’arrondissement à pied et aller à la rencontre de jeunes et de commerçants pour favoriser la cohabitation.

Carmine Gallo, Oscar Espinoza, Alain Clément et Tony Strammiello ont tous au moins 12 ans d’expérience comme policiers à Montréal-Nord. Mais ce n’est que depuis 2012 qu’ils patrouillent à pied.

TC Media a accompagné les agents lors d’une journée de patrouille typique pour les observer dans leur travail. Secteur par secteur, ils usent leurs semelles pour aller à la rencontre de citoyens et de commerçants.

15h, c’est la fin des classes. Alain Clément et Tony Strammiello se rendent à l’école secondaire Lester B. Pearson pour voir si tout se déroule normalement. Rien de particulier à signaler.

Ils se rendent ensuite à l’intersection des rues Lapierre et Pascal. Ils sortent alors de leur voiture et patrouillent à pied en se dirigeant d’abord vers le stationnement des commerces à cette intersection.

À leur arrivée, des jeunes flânent. Plusieurs d’entre eux décident de quitter à l’arrivée des policiers. D’autres échangent plutôt avec eux comme ils le feraient avec une connaissance de longue date.

Après quelques discussions avec des jeunes et des commerçants, les agents se dirigent ensuite quelques coins de rue plus loin, au dépanneur Pierre. Encore une fois, quatre ou cinq jeunes qui n’avaient rien de particulier à dire aux agents décident de s’éloigner.

Après un bref échange avec le propriétaire du dépanneur, les policiers quittent, à nouveau en voiture, pour se rendre dans un autre secteur de l’arrondissement.

Échanges respectueux et rencontre fortuite

Chemin faisant, les agents Gallo et Espinoza aperçoivent un groupe de jeunes filles en train de brasser une boîte postale grise. M. Espinoza les interpelle et elles cessent immédiatement. Les policiers reprennent leur route.

«Là, ça s’est bien passé, dans le respect. Si elles nous avaient insultés, nous serions sortis du véhicule pour discuter plus longuement. Il faut que ça se passe dans le respect mutuel», indique l’agent Gallo.

Après un petit arrêt dans l’ouest de l’arrondissement, pour aller à pied de commerce en commerce pour savoir si tout se passe bien, les agents Gallo et Espiznoza reviennent vers le nord-est.

En route, ils aperçoivent un jeune avec lequel ils ont dû intervenir plusieurs fois par le passé. L’auto-patrouille ralentit et le jeune homme, qui accompagnait un adolescent en train de vendre du chocolat se retourne.

«Hey Gallo!», s’exclame-t-il, visiblement heureux de revoir l’agent qui l’a pourtant déjà arrêté par le passé.

Lorsqu’il lui demande ce qu’il devient, le jeune homme a dit avoir changé et s’être trouvé du travail.

Les policiers disent alors à l’adolescent de suivre cet exemple puisque «la rue n’apporte rien de bon». L’auto-patrouille s’éloigne ensuite.

«Ce qui fait notre fierté, c’est de revoir des jeunes comme ça qui ont grandi et qui sont devenus des hommes.

Parfois, en discutant, on se rend compte que ce n’est pas sérieux, mais dans d’autres cas, ils ont vraiment changé», explique l’agent Gallo.

Intervention nécessaire

L’idée d’affecter des agents à la patrouille à pied a été proposée par deux policiers, qui ont grandi à Montréal-Nord, et qui ont cru que de bâtir une relation avec les jeunes et les commerçants, en étant constamment sur le terrain avec eux, ne pouvait avoir que des effets bénéfiques.

Ce sont les agents Clément et Strammiello qui ont proposé l’idée, en 2012. À l’époque, les jeunes se rassemblaient à partir de la tombée du jour, devant les dépanneurs, salons de coiffure et restaurants à différents endroits.

À l’intersection Lapierre-Pascal, pour ne nommer que celle-là, Alain Clément explique qu’avant, des groupes de 12 ou 15 jeunes se formaient et troublaient la paix.

«Ils buvaient et parlaient fort. Les bouteilles et les cannettes de bière étaient alignées devant les commerces. On a commencé à discuter avec ces jeunes pour bâtir une relation de confiance, de respect.»

«Les gens avaient peur de traverser la rue pour venir acheter une pinte de lait parce qu’ils voyaient le regroupement devant le dépanneur», ajoute Carmine Gallo.

Changement
Au départ, leur arrivée a été mal perçue. Les jeunes étaient plutôt méfiants en voyant les policiers débarquer aux mêmes endroits jour après jour. Et la plupart du temps, ils interagissent toujours avec les mêmes personnes.

«Je dirais que 70 % du temps, ce sont des gens que nous connaissons», évalue l’agent Espinoza.

Trois ans plus tard, le ton a changé et les jeunes comprennent que lorsque les policiers arrivent, ceux qui ne font que flâner ont intérêt à quitter les lieux.

Les commerçants se disent ravis. «Sans eux, nous serions dans la merde. Ils doivent continuer à être présents, car quand les clients voient un rassemblement devant mon dépanneur, ils ne viennent pas. Mon chiffre d’affaires baisse beaucoup», explique Sam Derazi, propriétaire du dépanneur Pierre, au coin des rues Matte et Pierre, un autre endroit souvent occupé par des groupes de jeunes, particulièrement le soir.

Chérif exploite Pizza New York depuis de nombreuses années sur la rue Pascal. S’il a appris à se faire respecter, il apprécie néanmoins la présence des quatre agents.

«Quand je dis à quelqu’un de sortir, il sort. Mais vu que les policiers sont souvent ici, si j’ai un problème, je n’ai pas besoin de les appeler. J’ai juste à leur parler quand ils viennent», dit le commerçant.

Bien que les besoins sont surtout présents dans le nord-est de l’arrondissement, les agents vont aussi ailleurs, comme sur les rues Charleroi ou Fleury et les rues voisines. Ils s’adressent aux citoyens comme aux commerçants qui auraient des questions à poser.

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