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Un Outremontais au soleil levant

Joanny-Furtin Michel - TC Media
Réalisé par Claude Gagnon, le film Karakara est le seul film québécois en compétition au FFM. L’Express a rencontré Michel St-Martin, directeur de la photographie.

Sélectionné en compétition mondiale du 36e Festival des films du monde (FFM), le nouveau long métrage de Claude Gagnon mettant en vedette Gabriel Arcand et Youki Kudoh a été projeté en présence du réalisateur et des acteurs principaux ce mardi 28 août avant de prendre l’affiche vendredi.

L’Outremontais Michel St-Martin en est le directeur de la photographie. Il a passé un mois et demi autour de l’île d’Okinawa, au sud du Japon. «On avait 26 jours de tournage dans un monde, une île peu peuplée avec toutefois près de 50 000 soldats américains dans des bases, et des lieux très différents de la capitale Tokyo à deux heures de vol», observe Michel St-Martin.

«Le tournage s’est déroulé sur quatre îles de l’archipel. Or, la géographie est très importante dans cette histoire imaginée par le réalisateur Claude Gagnon. Parfois le film est didactique, à l’image d’un documentaire avec notamment des scènes dans une fabrique de textiles en feuilles de bananiers…»

«Comme nous étions sur une île, on a parfois dû improviser pour assurer nos fournitures de tournage. À part Claude qui vit là-bas depuis des années, Gabriel Arcand et moi étions les seuls Québécois et on ne parlait pas un mot de japonais. Toute l’équipe était japonaise ou installée ici depuis des lustres dont un Suisse. Une quinzaine de personnes constituait notre équipe de tournage, et il a fallu composer avec nos différences culturelles en terme de rapports humains…»

«Le film a d’abord été tourné en vidéo pour la flexibilité du support, avant d’être transféré sur film. On peut ainsi modifier les couleurs une à une. Cette manière de faire la post-production en numérique a changé l’approche du métier et démocratisé l’accès aux métiers et à la production du cinéma. Maintenant, on peut envisager de tourner des films avec des budgets de 1,2M$. Ça parait beaucoup, mais cela reste un petit budget pour un film», rappelle Michel St-Martin.

«Sur ce film, on a pu faire l’étalonnage de base sur les rushs. Les filtres offrent ainsi une première interprétation, une image très réaliste, dans l’esprit de cette histoire faite d’émotions brutes. Et la post-production de Karakara s’est faite à Montréal.»

«Un autre directeur de la photographie était prévu, et pendant la préparation du tournage, Claude a dû en changer. C’était la première fois qu’on travaillait ensemble. On s’est rencontré trois semaines avant le tournage et on travaillé par… Skype

«Pour  »fabriquer » l’image et la lumière, le directeur photo doit interpréter ce que le réalisateur a en tête. Il est un pont entre le créateur du film et le film lui-même. Claude Gagnon a des années de métier, et il avait une vision très précise de ce qu’il voulait. Travailler avec lui, c’est un peu un  »tout inclus »», sourit Michel St-Martin. «Il savait exactement où et comment placer son tournage et ses scènes. À moi de traduire sa vision entre les plans, les lumières, les techniques…»

«Claude Gagnon est un être passionné, très allumé, qui partage beaucoup. J’ai beaucoup appris avec lui notamment sur l’aspect relationnel. Le métier d’un directeur photo est souvent vu comme un travail très technique alors qu’il y est beaucoup plus question de psychologie et de relations humaines, parce qu’on travaille avec des personnalités extrêmement variées.»

L’histoire d’une petite carafe

Pierre, intellectuel, professeur à la retraite dans la soixantaine, entreprend un voyage à Okinawa en compagnie de Junko, une femme mariée de 40 ans qui a fui le domicile conjugal. Pierre est plutôt confus et hésite à poursuivre cette nouvelle relation inattendue. Mais pris d’un élan difficile à expliquer, il décide de suivre sa destinée, quel que soit l’endroit où cette aventure (ou cette femme) le mènera.

Karakara, c’est le son que fait la bille au fond d’une petite carafe d’un alcool de riz non distillé, très fort,… quand elle est vide !

Michel St-Martin vit à Outremont avec sa conjointe maquilleuse de plateau et leurs trois enfants. Il avait d’abord étudié la photo tout en fréquentant des gens de cinéma qui l’ont entraîné sur les plateaux québécois et américains pendant huit ans.

«Ce parcours m’a permis de comprendre le fonctionnement des grosses machines de production. Je n’ai aucun regret car cela vous donne une vision différente de votre travail sur des tournages plus modestes.»

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