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Plage de l’Est: des fouilles archéologiques avant de creuser

Avec son projet de plage de l’Est, l’arrondissement veut permettre aux citoyens d’accéder aux plans d’eau et de pratiquer des activités sportives ou récréatives.
Une affiche annonce l'emplacement de la future plage de l'Est en décembre 2016. Photo: Ralph-Bonet Sanon/TC Media

Moins de trois ans après la découverte d’un cimetière français du 18e siècle, l’arrondissement Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles se prépare à des découvertes archéologiques encore plus vieilles en aménageant la future plage de l’Est.

L’arrondissement a lancé, le 13 janvier dernier, un avis d’appel d’offres pour des services professionnels en archéologie. Ces services sont requis pendant la construction d’un pavillon et d’autres aménagements sur le site de la future plage de l’Est, sur la 94e Avenue, à l’intersection de la rue Bellerive.

Le site aurait un potentiel archéologique préhistorique en raison de son emplacement au bord du fleuve Saint-Laurent et de la présence d’autres sites du genre à proximité.

Vestiges de l’époque précoloniale
Quand on parle d’archéologie préhistorique dans le secteur, on parle de vestiges amérindiens précédant l’arrivée des Européens, rappelle un archéologue.

«Les sites archéologiques autochtones comme ça sont très souvent trouvés sur les rives et non à l’intérieur des terres parce que le fleuve, les rivières et les ruisseaux étaient les principales voies de circulation de ces Autochtones», soutient Christian Gates St-Pierre, professeur adjoint au Département d’anthropologie de l’Université de Montréal.

Juste en face de la future plage se trouve une dizaine de sites archéologiques préhistoriques répertoriés durant les années 1980 sur l’île Sainte-Thérèse. Ces sites remontent aux périodes archaïque (8000 à 3000 ans avant aujourd’hui) et sylvicole (3000 ans avant aujourd’hui jusqu’au 16e siècle).

D’autres sites autochtones précoloniaux ont aussi été localisés dans les îles Boucherville et près du secteur du Bout-de-l’Île.

«Ce sont généralement de petits sites, des campements temporaires ou réoccupés à plusieurs occasions, qui contiennent des traces d’implantation, comme des foyers, des aliments cuits dans ces foyers, des fragments de poterie en céramique, des outils en pierre, des pointes de flèche, des objets taillés dans l’os ou le bois», indique le professeur Gates St-Pierre.

Un site «intéressant»
Jusqu’ici, des fouilles archéologiques menées dans les dernières décennies sur le territoire historique de Pointe-aux-Trembles n’ont pas permis de trouver de vestiges déterminants de l’époque précoloniale.

«Le site actuel de la future plage est intéressant parce qu’il est très près de l’île Sainte-Thérèse, et l’hypothèse des archéologues présentement, ce n’est pas qu’il y a eu des implantations autochtones à caractère permanent sur l’île Sainte-Thérèse ou à la Pointe aux Trembles, mais plutôt des haltes dans leurs déplacements ou des arrêts saisonniers», juge le vice-président de l’Atelier historique de la Pointe-aux-Trembles, Pierre Desjardins.

Durant l’été 2014, une firme spécialisée en fouilles archéologiques a déterré 63 sépultures datant des années 1700 durant l’aménagement de la Maison du citoyen, située à l’angle de la rue Notre-Dame et du boulevard Saint-Jean-Baptiste. En avril 2016, l’arrondissement a retenu les services de la même firme en prévision de travaux d’excavation autour de la Maison du citoyen.

Ce genre de fouilles archéologiques en amont est crucial puisque les peuples autochtones du secteur n’avaient pas de système d’écriture, souligne M. Gates St-Pierre. «L’archéologie est la seule façon dont on dispose pour connaître leur passé», fait-il valoir. «La Ville a fait ce constat et fait des efforts appréciés et appréciables pour ne pas détruire ce patrimoine.»

Avec le temps, les rives du Saint-Laurent, du côté de Pointe-aux-Trembles, ont sûrement été passablement modifiées. Toutefois, la Ville envisage tout de même le potentiel archéologique préhistorique du site de la future plage. «Des sols naturels sont présents sous les remblais, sols qui pourraient renfermer des vestiges archéologiques préhistoriques», peut-on lire dans l’avis d’appel d’offres.

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