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Grand Antonio : quand la réalité dépasse la fiction

Tranchemontagne Daphnée - TC Media
Près de 10 ans après sa mort, le Grand Antonio continue de fasciner les gens. Afin de distinguer le mythe de la réalité, Sylvain Laquerre, photographe et ami du célèbre homme fort, nous parle de cet homme plus grand que nature.

Il nous donne rendez-vous à l’ancien Dunkin Donut, situé à l’angle de la rue Beaubien et de la 10e Avenue. Véritable ruine ensevelie sous les graffitis, ce lieu était autrefois le quartier général du Grand Antonio, son « bureau » comme il l’appelait.

Toute sa vie a tourné autour de cette intersection : d’un côté se trouve l’immeuble où il louait un 1 ½, de l’autre, la quincaillerie où il se procurait les anneaux qu’il attachait à ses cheveux pour accomplir ses exploits et en face, l’épicerie où il est décédé d’un arrêt cardiaque, en 2003.

« Ce gars-là est un personnage typique de Rosemont. On l’a vu au centre-ville, dans les stations de métro, mais c’est vraiment ici qu’il se tenait, particulièrement au Dunkin. Son 1 ½, c’était son royaume, sa place. Même s’il avait gagné le million, il n’aurait pas déménagé. Il apportait de la couleur au quartier et à notre petite vie trop plate », soutient M. Laquerre.

Le personnage extravagant a marqué l’imaginaire collectif.

« Il projetait l’image d’un homme mauvais et renfrogné. C’en était rendu difficile de distinguer le personnage de l’individu. Mais le vrai Antonio, c’était un gentil. Je ne l’ai jamais vu s’impatienter et prenait tout avec un grain de sel.

« Ce n’était pas un quêteux. Les gens pensaient qu’il mendiait, or, il avait un produit à vendre [NDLR: Il vendait des photomontages de ses exploits passés]. Il n’était pas un itinérant non plus; il avait son logement. Ce n’était pas un illettré; il lisait son journal tous les jours. Les gens avaient une fausse perception de lui et il n’a jamais tenté de la corriger », relate celui qui a été son photographe durant les 21 dernières années de sa vie.

Ces souvenirs d’une époque moins glorieuse ont d’ailleurs éclipsé ceux de ses exploits, déplore M. Laquerre.

« Il y a définitivement une réhabilitation à faire du personnage. À la fin de sa vie, il était beaucoup snobé et méprisé. Il s’est même fait mettre dehors de son Dunkin. Il s’asseyait dehors sur son banc et tapait dans la vitre pour que les serveuses viennent lui porter sa commande », illustre-t-il.

Il souhaite ardemment qu’un monument soit érigé à la mémoire de ce géant.

« J’imagine une grosse statue avec des couettes, sur lesquelles les enfants pourraient se pendre. On pourrait la mettre au parc Beaubien, où il venait souvent », conclut-il.

 

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