Une voie réservée sur Beaubien qui sème l'inquiétude
La voie réservée sera déployée, du lundi au vendredi, entre la rue Fabre et le boulevard Pie-IX, vers l’Ouest, de 6 h à 9 h 30, et sur le tronçon compris entre la rue De Normanville et le boulevard Pie-IX, vers l’Est, de 15 h à 18 h 30.
Pour permettre l’implantation de cette mesure, le stationnement sera interdit sur la rue Beaubien à partir de 5 h 30, en direction Est, et de 14 h 30, en sens inverse.
Du côté de l’arrondissement, on justifie cette décision en indiquant que celle-ci « diminuera le temps de voyagement en autobus et augmentera la fréquence de ce mode de transport ».
« Le comptage nous a démontré que la rue Beaubien n’était plus principalement utilisée par les automobilistes. En fait, le tiers des déplacements sur cette rues sont faits en voiture et les deux tiers le sont en transport en commun. Et ça, sans sans parler des piétons et des cyclistes. Or, 75 % de la rue sont consacrés aux véhicules. Il faut donc rééquilibrer le partage de la chaussée », fait valoir le maire de l’arrondissement, François W. Croteau, qui souhaiterait d’ailleurs que cette voie réservée soit accessible aux vélos, comme c’est le cas sur la rue Viau.
À la Société de transport de Montréal (STM), qui chapeaute et finance le projet, on laisse savoir qu’il est trop tôt pour commenter cette initiative, celle-ci devant être approuvée, lors du prochain conseil d’administration prévu ce soir (3 septembre).
Des commerçants inquiets
Lorsque le Journal de Rosemont a contacté l’Association des commerçants et des professionnels de la rue Beaubien Est, sa présidente, Chantal Laperrière, ignorait tout de l’intention de créer une voie réservée sur Beaubien.
« On va avoir une rencontre avec la STM et un conseiller d’arrondissement, le 12 septembre. On ne nous a pas encore présenté le projet; j’ignorais qu’il s’agissait d’une voie réservée, vous venez de me l’apprendre. J’ai l’impression qu’on n’aura pas grand-chose à dire et que tout a été décidé », a-t-elle confié.
Selon elle, l’aménagement d’une telle voie aura des répercussions néfastes sur la vitalité économique du secteur.
« Ça n’a pas d’allure! C’est déjà difficile de se stationner dans les rues avoisinantes en raison des vignettes, et là, ils viennent nous flanquer ça! », dit-elle, faisant valoir que l’artère compte plusieurs commerces de destination accueillant des visiteurs provenant de l’extérieur de Montréal. Elle doute d’ailleurs que cette mesure attire une nouvelle clientèle, plus locale.
Mme Laperrière déplore justement que ce projet vise à augmenter la fréquence des autobus en réduisant le temps de voyagement.
« Au contraire, nous ce qu’on voulait, c’est qu’on atténue la circulation sur Beaubien. On se plaint déjà que ça va vite! Les autobus ne vont pas rouler à 20 km/h! », plaide-t-elle.
Un argument que ne comprend pas la maire.
« Ce n’est pas parce qu’il y a une voie réservée que les gens vont rouler plus vite. Au contraire, ça diminue l’espace dédié à la voiture, et par le fait même, on apaise la circulation », argue M. Croteau.
Au lendemain de l’adoption de cette initiative par l’arrondissement, une fois le coup de l’émotion passé, la présidente de l’association commerciale a parlé avec l’administration locale.
« On m’a assuré que ça ne devrait pas avoir d’impact sur le stationnement. On m’a dit que l’initiative n’était pas coulée dans le béton et qu’il pourrait y avoir des modifications », a-t-elle conclu.