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Un club vidéo sur le respirateur artificiel

Jusqu’à tout récemment, le dernier club vidéo indépendant du Sud-Ouest était prêt à fermer ses portes. La façade de Vidéo Rama, située à proximité du métro Place Saint-Henri sur la rue Notre-Dame, est encore placardée d’affiches fluorescentes annonçant sa vente de liquidation. Mais son propriétaire, Farhad Sabet, n’est plus certain du destin de son commerce.

«Le 31 mars, la fermeture du Vidéotron pas loin d’ici m’a fait réfléchir, raconte-t-il, appuyé sur son comptoir. Je me suis dit que si j’étais capable de récupérer leurs clients et que les choses allaient un peu mieux, je pourrais peut-être rester ouvert.»

Farhad a donc décidé de commander des nouveautés pour la première fois en quatre mois, question de relancer son marché de location. On trouve maintenant les derniers nominés aux Oscars, dont Moonlight et Rogue One, sur les étagères.

«Jusqu’à maintenant, il n’y a pas grand changement. Il est 14h et je n’ai pas servi un seul client de la journée. Il n’y a pas trop de va-et-vient qui se font», dit-il, impassible.

Ce n’est rien de nouveau pour M. Sabet, qui estime qu’il roule à perte depuis dix ans. Au cours des cinq dernières années, il a vu son chiffre d’affaires baisser de 80%. Il suffit de le dire, Vidéo Rama est tout sauf sa source principale de revenus, étant propriétaire du bâtiment où se trouvent son commerce et une douzaine de logements.

«Ma femme, mes enfants et mon comptable me mettent de la pression depuis des années pour que j’arrête. Ce n’est pas intelligent de garder un magasin comme celui-là, mais je suis un passionné. Les clients que je sers ne viennent pas juste ici pour louer des films, mais pour jaser pour une quinzaine de minutes et se détendre. J’adore avoir une relation comme celle-là avec les gens du quartier», songe-il.

Diminution

À son apogée, Vidéo Rama était un grand joueur de l’industrie des clubs vidéo. Farhad Sabat était le propriétaire de cinq succursales, dont une en Ontario, et avait même l’intention de prendre encore plus d’expansion.

Sans surprise, M. Sabat affirme que la raison derrière la fermeture de ses commerces et de tous leurs semblables peut se résumer à un mot: Internet.

«Une fois que les gens ont commencé à télécharger illégalement des films, c’était le début de la fin. Personnellement, je ne connais pas très bien les ordinateurs et je dirais que ce sont majoritairement des gens comme moi qui viennent encore ici», atteste-t-il, mentionnant par ailleurs que la section adulte est la seule qui «fonctionne encore un peu».

Considérant sa réticence à expérimenter avec les nouvelles technologies, l’homme de 50 ans croit qu’il serait difficile pour lui de se placer dans un nouveau domaine si sa succursale ferme ses portes.

«J’ai pas un train de vie extraordinaire qui me coûte extrêmement cher. Si je m’en vais, je resterai tranquille ou je travaillerai peut-être à temps partiel en gestion immobilière. Honnêtement, tout ce que je vais faire est de profiter de la vie», laisse-t-il tomber, sourire en coin.

 

Les clubs vidéo à Montréal

3

Le nombre de clubs vidéo indépendants encore ouverts à Montréal. Cela inclut Vidéo Rama (Sud-Ouest), Le Cinoche (Mont-Royal) et Game Zone (Verdun).

8

Le nombre de succursales du SuperClub Vidéotron encore ouvertes sur l’île de Montréal. C’est la seule chaîne de clubs vidéo qui opère encore sur le territoire.

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