Les autobus pourraient revenir sur la rue de l’Inspecteur

À moins qu’un nouvel accord n’intervienne entre la Ville de Montréal et l’Agence métropolitaine de transport (AMT), les 450 autobus qui font chaque jour le lien entre la Rive-Sud et le terminus Centre-ville pourront recommencer à circuler sur les rues de l’Inspecteur et William en vertu d’une entente signée en 2002.

Le 13 janvier dernier, l’arrondissement du Sud-Ouest a édicté une ordonnance interdisant aux autobus de rouler sur les rues de l’Inspecteur, Saint-Maurice et William dans Griffintown. Le geste visait à assurer une meilleure qualité de vie aux résidents du secteur.

Or, a fait savoir le maire Benoit Dorais, l’arrondissement a appris par l’AMT l’existence d’une entente vieille de treize ans concernant le corridor à privilégier par les autobus pour se rendre au terminus situé sur la rue De La Gauchetière. Il s’agit d’un axe formé des rues Duke, William, de l’Inspecteur et Mansfield.

Benoit Dorais insiste pour que soit revue cette entente signée à l’époque par l’AMT, la Ville de Montréal ainsi que les arrondissements du Sud-Ouest et de Ville-Marie.

Nouvelle réalité
Pour le maire, il faut tenir compte de la nouvelle réalité.

Lors de la signature de l’entente, en vigueur jusqu’en 2022, ce secteur était un no man’s land, souligne-t-il. Depuis, le développement immobilier a modifié le visage du quartier.

«On demande à l’AMT et ses partenaires d’utiliser le gros bon sens», laisse tomber M. Dorais.

Il précise que l’arrondissement a «cinq scénarios sur la table» à proposer. Aucun ne prévoit le retour des autobus sur de l’Inspecteur, Saint-Maurice et William. «On ne veut vraiment pas», dit-il.

M. Dorais est confiant que les parties en arrivent à une entente satisfaisante. «L’AMT s’est toujours montrée de bonne foi», mentionne-t-il.

Le maire signale que le tracé prévu dans l’entente ne tiendra pas la route longtemps de toute façon. Il devra être revu très bientôt alors que les travaux du projet Bonaventure bouleverseront le secteur.

Respect de l’entente
Le Réseau de transport de Longueuil (RTL) veut que ses autobus empruntent le corridor prévu dans l’entente.

Son conseil d’administration a adopté, le 5 février, une résolution demandant à l’AMT de faire respecter cette entente ou de dédommager la société «pour les coûts d’exploitation liés au changement d’itinéraire».

«Tout détour qui allonge le parcours entraîne des retards pour la clientèle et des coûts d’exploitation supplémentaires de 600 000$ par année», soutient le RTL.

Le transporteur avait mal accueilli l’interdiction ordonnée par l’arrondissement, forçant les autobus à emprunter les rues Wellington, Peel et Notre-Dame pour se rendre au terminus. À l’heure de pointe du matin, environ 200 véhicules du RTL font ce circuit.

Outre l’aspect financier, le RTL en fait un enjeu de sécurité. «Le trajet n’est pas adapté pour recevoir autant de circulation d’autobus», explique la porte-parole du RTL, Anne-Louise Milot.

«Le détour proposé passe par des rues commerciales où il y a encore plus de densité», souligne-t-elle. «Actuellement les alternatives qu’on présente sont loin d’être adaptées à nos besoins.»

«Le retard occasionné par le détour a un impact clair sur la clientèle», indique Fanie Clément St-Pierre, porte-parole de l’AMT. «L’entente avec l’arrondissement, on souhaite qu’elle soit respectée», dit-elle précisant que les parties sont en contact pour en arriver à un accord. «On cherche une solution qui va respecter l’entente.»

Maintien de l’interdiction
Pour respecter l’entente de 2002, l’arrondissement prévoyait abroger lors de la séance du conseil du 3 février l’ordonnance adoptée en janvier. Le point a été reporté à la séance de mars. N’ayant pas eu la chance de discuter d’alternatives avec le maire Denis Coderre, en voyage en Europe, Benoit Dorais a jugé le geste prématuré.

Jusqu’à ce que l’ordonnance soit abrogée, l’interdiction est donc toujours en vigueur. Elle est respectée par les chauffeurs du RTL, assure Mme Milot. «On ne contrevient pas à ça.»