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Développement immobilier : les citoyens du Village des tanneries divisés

Photo: Isabelle Bergeron/TC Media

Le Village des tanneries, petit quartier enclavé de Saint-Henri situé à l’ombre de l’échangeur Turcot, s’apprête à voir sa population croître significativement avec un projet résidentiel qui pourrait ajouter jusqu’à 135 logements répartis sur quatre étages dans cette zone composée seulement de quelques rues.

Plusieurs résidants du secteur, qui compte quelque 300 ménages, se sont déplacés au dernier conseil d’arrondissement du Sud-Ouest pour faire part de leurs doléances aux élus locaux et déposer deux pétitions.

«C’est un changement qui ne doit pas être pris à la légère, met en garde Dominic St-Amand, dont la propriété donne directement sur le terrain vague où pourrait être construit le projet. On projette d’ajouter 45% de logements à ce qui existe déjà dans le quartier».

Le résidant ne se dit pas contre l’ajout de condos, mais il veut que le tout soit fait en concertation avec la communauté locale. Il a remis une pétition de 130 signatures demandant au conseil d’arrondissement de refuser le projet.

Propriétaire d’un triplex depuis près de 30 ans dans le quartier, Martine Tiramani a elle aussi déposé une pétition de 98 noms qui appuie le projet. Elle pense que les quelques rues du Village des tanneries profiteraient au contraire de la manne immobilière proposée. «Je crois que c’est inspirant pour la communauté, on a besoin de renouveau et de nouveaux logements modernes», souligne-t-elle.

Selon Madame Tiramani, la décontamination des terrains concernés, envahis l’été par les mauvaises herbes, est un avantage non négligeable du projet. Les commerces avoisinants pourraient aussi bénéficier des nouveaux arrivants promis par la construction des nouvelles unités.

Avancer avec prudence
La réglementation actuelle permettrait au promoteur de construire 75 unités dans le lotissement, sur un maximum de trois étages. Une demande de dérogation a été demandée à la Ville, mais le conseil des élus n’a pas encore pris de décision.

Le maire de l’arrondissement du Sud-Ouest, Benoit Dorais, affirme qu’il faut bien peser le pour et le contre dans ce dossier: «Les élus ont le choix entre un projet de plein droit, avec un certain nombre de balises ou sinon d’aller chercher un certain nombre de gains», soulignant que des logements sociaux pourraient être incorporés au lotissement éventuel.

L’organisme Solidarité Saint-Henri, qui lutte pour l’amélioration de la qualité de vie des citoyens de ce secteur estime pour sa part que la réponse des élus passe à côté des besoins immédiats des résidants. «Une dizaine de logements sociaux, ce n’est pas assez pour faire une différence», avance la coordonnatrice Shannon Franssen.

Les stationnements
Un autre problème soulevé par Dominic St-Amand est le manque de places de stationnement dans le secteur, particulièrement depuis l’ouverture du Centre hospitalier de l’Université McGill, situé tout près. «On ne peut plus en absorber, c’est clair.»

«Le propriétaire a le droit de construire un certain nombre d’unités, mais si on modifie la réglementation, ça nous permet de négocier avec lui des aménagements, par exemple des stationnements souterrains», souligne pour sa part la conseillère d’arrondissement de Saint-Henri-Petite-Bourgogne-Pointe-Saint-Charles, Sophie Thiébaut.

«On reconnaît que le secteur est enclavé, poursuit-elle. Selon l’analyse qu’on est en train de réaliser sur la capacité du milieu à accueillir plus de stationnements, ça va nous donner une idée de la taille du projet avec lequel on peut aller dans ce secteur.»

Les élus de l’arrondissement se donnent encore du temps avant de prendre une décision quant à la modification du règlement pour permettre la construction du projet de 135 unités, affirmant qu’ils veulent soupeser les répercussions de celui-ci, ainsi que la capacité du secteur à accueillir cet afflux de nouveaux résidants et les véhicules qui les suivront inévitablement.

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