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La dame au pré fleuri

Thérèse Romer entretien un jardin sauvage à l'arrière de son condo pour personne âgées. À 90 ans elle a l'autorisation de l'arrondissement de Verdun pour prendre soin des plantes et fleurs qui poussent le long de la piste cyclable. Photo: Isabelle Bergeron/TC Media

Entre la piste cyclable et les tours à condos de l’allée des Brises-du-Fleuve, tout près de l’Auditorium de Verdun, se trouve un petit coin de prairie où pousse une centaine d’espèces de plantes et de fleurs sur environ 50 mètres carrés. C’est une dame de 90 ans, Thérèse Romer, qui a adopté en 2008 cet espace appartenant à l’arrondissement et en prend soin depuis.

Mme Romer descend tous les jours de son condo du 6e étage pour rendre une petite visite à cet «espace nature», dont elle se considère comme la gardienne, sans plus. «C’est un terrain qui appartient à tout le monde, puisqu’il est à la Ville. Je suis simplement une citoyenne qui a décidé de s’impliquer et de l’entretenir», explique-t-elle.

Pour l’horticultrice amateure, il est crucial que les gens en apprennent plus sur les plantes sauvages et indigènes afin de protéger la biodiversité.

«Pour la majorité des gens, ces plantes, c’est de la fardoche, de la mauvaise herbe. Il faut apprendre à les connaître pour les aimer», fait-elle valoir en nous présentant la carotte sauvage, la rose trémière, le lin et la mauve.

S’il est impressionnant de voir l’agilité avec laquelle cette dame gracieuse s’aventure sur la pente accentuée du terrain, l’entretien que ce dernier exige reste beaucoup moins difficile physiquement que celui d’un jardin ou de plates-bandes.

«Vous savez, ce n’est pas vraiment du jardinage. Je laisse la nature travailler. Personne ne bêche, ne sarcle ni ne désherbe, ici», lance-t-elle humblement.

La retraitée se contente d’aider un peu Dame Nature en récoltant les graines des plantes indigènes et sauvages du terrain pour ensuite les semer à la volée, tout en protégeant le pré des espèces envahissantes.

Lutte sans répit
En 2008, quand Mme Romer a décidé de refleurir ce lopin de terre, elle l’a fait avec l’aval des Travaux publics, tout en profitant d’un espace duquel les tondeuses de la Ville ne s’approchaient pas trop. Le petit ravin boisé bordé de grosses roches qui se trouve juste derrière le condo où elle habite était tout indiqué.

L’espace où se développait une grande biodiversité prenait de l’expansion d’année en année, mais les faucheuses motorisées le grugeaient à la moindre occasion. «J’aimerais bien l’agrandir encore, mais c’est difficile avec les tondeuses qui rognent de leur bord», soupire-t-elle.

L’agricultrice urbaine a donc décidé d’installer des piquets reliés par une corde. Ce moyen de protection ayant été retiré au début de l’été cette année, elle s’est tournée vers la Maison de l’Environnement, qui a posé trois pancartes «Espace naturel, lieu de découvertes» dans la prairie afin de dissuader les employés municipaux tentés de le tondre.

Le pré de Mme Romer est donc venu se greffer au plan de l’arrondissement pour naturaliser certains espaces verts et favoriser la biodiversité.

Les plantes sauvages que protège l’ancienne interprète aident au maintien de certaines espèces d’oiseaux et d’insectes et favorisent donc autant la biodiversité animale que végétale.

Partager ses connaissances
L’horticulture a toujours été le violon d’Ingre de Mme Romer. Elle a longtemps écrit des chroniques dans le magazine La Terre de chez nous au sujet de la flore sauvage québécoise.

Elle a également publié en auto-édition un petit manuel, Nature en ville, rempli de photos et de petits conseils. Son deuxième tome sortira d’ailleurs dans une dizaine de jours.

Les citoyens qui voudraient l’imiter et adopter une partie de l’espace public pour y semer des plantes sauvages peuvent consulter sa page Facebook «Flore sauvage Verdun» pour mieux les identifier et les cultiver.

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