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Le Brésil en attente de renouveau

Photo: Getty

Continent dans un continent, le Brésil et ses 200 millions d’habitants vivent, après l’extraordinaire essor des années Lula, un épisode de déprime économique. La deuxième plus grande démocratie d’Amérique espère remettre du vent dans ses voiles à l’occasion des élections générales, dont le premier tour aura lieu dimanche. Métro a parlé des enjeux de ce scrutin avec Angelo Soares, professeur titulaire à l’ESG-UQAM, et avec Anne Latendresse, directrice du Centre d’études et de recherches sur le Brésil et professeure au Département de géographie de l’UQAM.

United Nations Hosts World Leaders For Annual General AssemblyDilma Rousseff
Présidente du Brésil depuis 2010.
• Elle a poursuivi la lutte contre l’extrême pauvreté entreprise par son prédécesseur, Luiz Inacio Lula da Silva.
• Les sondages l’ont récemment replacée en tête dans les intentions de vote, avec 40% des voix au premier tour et 49% au second.
Brazilian Presidential Candidate Marina Silva Campaigns In RioMarina Silva
Candidate du Parti socialiste brésilien.
• Elle est devenue la principale opposante de Dilma Rousseff après la mort de son compagnon politique Eduardo Campos, décédé dans un accident d’avion.
• Fervente adepte du puissant mouvement évangéliste brésilien, elle est en perte de vitesse dans les sondages.

Le pétrole pour relancer l’économie
La récession économique a frappé le pays hôte de la Coupe du monde de soccer cette année, confirmant la fin de la lune de miel financière vécue sous la présidence de l’ancien président Lula. Selon Anne Latendresse, les deux principales candidates à la présidence s’entendent quant aux remèdes à appliquer pour relancer la croissance.

«C’est en exploitant les ressources naturelles du Brésil – notamment son pétrole – que Marina Silva et Dilma Rousseff espèrent extirper le pays du marasme. Mais alors que Dilma veut investir les retombées en éducation, Marina, qui a été chef du Parti vert avant de devenir ministre de l’Environnement, désire promouvoir les énergies renouvelables grâce aux revenus pétroliers.»

Mme Latendresse note que la question écologique commence d’ailleurs à prendre de l’importance, notamment au sein de la jeunesse brésilienne. «Par rapport à la préservation de la nature, mais aussi en ce qui concerne la survie des cultures indigènes», précise-t-elle.

La fin des pots-de-vin
La corruption a occupé une place centrale dans ce scrutin. Mais au-delà des promesses de campagne, Angelo Soares croit que le Brésil devra entreprendre de grandes réformes au sein de son appareil gouvernemental pour parvenir à enrayer ce fléau.

«Le système doit changer, car il oblige le gouvernement à s’allier avec ce qu’il y a de pire dans le paysage politique brésilien pour gouverner, explique-t-il. La politique, au Brésil, ne peut pas se faire sans coalition. Or, le gouvernement de Dilma a dû composer avec la vieille classe politique, celle-là même qui nourrit la corruption, pour gouverner.»

«Ce qui me fait le plus peur, c’est son adhésion à l’évangélisme. L’État doit demeurer laïc.» – Angelo Soares, professeur titulaire à l’ESG-UQAM, qui s’inquiète de l’adhésion de Marina Silva à l’Église évangéliste, très puissante dans la société brésilienne.

Réduire les inégalités criantes
Le miracle brésilien tient à ces 20 millions de nécessiteux sortis de l’extrême pauvreté sous la présidence de Dilma Rousseff. Une ombre au tableau, cependant: l’écart qui sépare les riches et les pauvres, au Brésil, a continué de se creuser pendant cette période, indique Anne Latendresse.

«La ségrégation demeure importante entre les habitants des favelas et les autres citoyens, selon la directrice du CERB, et la question du logement constitue un des principaux enjeux, présentement, dans les villes du Brésil.»

«Le milieu des affaires craint Dilma: elle parle de contrôler les banques et de lutter contre la corruption.» – Anne Latendresse, directrice du Centre d’études et de recherches sur le Brésil et professeure au Département de géographie de l’UQAM

Une société plus inclusive
Plus de 70% de la population brésilienne se définit comme métisse ou noire; or, les rênes du pouvoir se retrouvent presque toujours entre des mains blanches.

«Les Noirs forment les classes les plus pauvres de la société brésilienne, affirme le professeur Angelo Soares. Le Brésil se targue d’être une “démocratie raciale”, mais derrière cette appellation se cache, en réalité, un racisme institutionnalisé.»

Selon M. Soares, la société brésilienne est autocratique et basée sur une hiérarchie fondée sur le revenu et la couleur de peau. «Une infime minorité possède énormément, tandis qu’une majorité croupit dans la pauvreté», explique-t-il.

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