TLMEP – #JeSuisSophie
Je me doutais bien avant la diffusion de dimanche que j’allais parler du passage de Sophie Durocher à Tout le monde en parle. C’était inévitable que son segment ferait jaser. Sauf qu’une question me hante encore après la diffusion : pourquoi l’inviter pour parler de féminisme?
Aussi, pourquoi un débat sur le féminisme? Je dis débat à défaut d’une autre formulation, parce que c’était plus un dialogue de sourds qu’une discussion saine, mais là n’est pas mon malaise. Ma question est pourquoi inviter Sophie Durocher, sinon que pour exacerber les femmes sur le plateau et devant leurs écrans?
À sa racine même, le point de madame Durocher est valable. Oui, les extrêmes démonstrations d’un certain féminisme radical sont répréhensibles. On ne peut pas la contredire là-dessus, tout comme on ne peut pas être pour les gens qui roulent à 180 km/h sur l’autoroute en se faufilant entre des voitures roulant à la vitesse légale. On ne cesse pas de conduire sur l’autoroute par contre, on fait un appel à la vigilance.
Le «débat» sur le féminisme n’en est pas un. Le traitement juste et équitable de tout le monde n’est pas une option, pas une opinion non plus ou un sentiment variable. On le fait – point barre. Jouer sur les mots comme le fait madame Durocher et se cacher derrière son désaveu du «mouvement féministe», c’est de l’enculage de mouche. C’est monter en exemple une minorité pour réduire la portée des intentions de la majorité.
Lise Thériault a le droit de ne pas se sentir à l’aise avec le mot féministe. Il faudra la juger à ses actes. On a fait un peu la chasse aux sorcières cette semaine… – Sophie Durocher.
La sortie de la ministre Thériault était un sujet chaud d’actualité et on devait en parler. Ouvrir la discussion sur le plateau de Tout le monde en parle, c’est limite essentiel. Offrir le micro aux positions chancelantes et polémistes de madame Durocher – pourquoi?
Elle a déjà une tribune très populaire et un propos qui mérite d’être lu. Qu’on soit d’accord ou non, elle verbalise une certaine portion de la population. Par contre, sur l’une des plus grosses tribunes au Québec, on envoie un message contradictoire.
D’un côté, on veut informer les gens sur le «mouvement féministe» et de l’autre, on laisse une personne avec un paquet d’allumettes et un bidon d’essence nous expliquer comment partir un feu en forêt.
Le contraste était d’autant plus évident lorsqu’elle opposait ses idées à celles plus radicales d’une jeunesse éduquée comme les Dead Obies. L’égalité, la liberté, le «fucking» féminisme, des notions acquises pour une génération émergente. Il n’y a pas de compromis, ni de nostalgie, c’est juste une évidence qu’on doit respecter son voisin et s’arranger pour s’épanouir sans chier sur son terrain.
Qu’on parle de violence, de sexe, de religion ou de culture, les mots d’ordre sont le respect et l’écoute. La même écoute que madame Durocher a laissée à la maison après avoir enfilé son chandail «Je parle féministe» jeudi avant le tournage de Tout le monde en parle. Elle parle en masse, ça oui, mais elle n’écoute pas beaucoup, sinon le son de sa propre voix.
Alors ma question demeure : pourquoi inviter Sophie Durocher à nous parler de féminisme et ainsi gaspiller une belle fenêtre pour faire encore plus de place au gros bon sens à la télé? Le bon sens qui sous-entends que ce que tu portes ou non entre tes jambes ne devrait pas influencer les opportunités qui se présentent à toi.
Je suis fâché, parce qu’on ne devrait même pas avoir de débat. On ne peut pas être contre le féminisme, à moins d’être pour l’injustice et l’abus d’autrui. Là, c’est une autre histoire.