Pourquoi mon patron se prend-il pour un superhéros?

Chaque semaine, notre chroniqueur répond à une question sur le comportement des patrons.

«Mon patron ne semble pas conscient des dangers des décisions qu’il prend par les temps qui courent. D’accord, il a eu de grands succès par le passé. D’accord, il est reconnu pour son flair. Mais il se lance maintenant dans des projets qui ne relèvent pas de son expertise et il ne cherche même pas à mieux s’entourer. J’ai peur pour l’avenir de la compagnie.»

Se pourrait-il que les succès passés de votre patron lui soient montés à la tête? Il arrive régulièrement que les gens qui connaissent la gloire, qui accumulent les promotions ou les félicitations, en viennent à se croire infaillibles. La victoire est grisante et peut faire perdre le contact avec la réalité. À ce moment, les risques de décisions malheureuses sont bien plus grands. Et quand c’est le patron qui frappe un mur, les dommages collatéraux ne sont pas négligeables. Dans le cas qui vous occupe, vous risquez carrément de perdre votre emploi, tout comme vos collègues.

Que pourriez-vous faire? Dans un premier temps, intéressez-vous à tous les projets de votre supérieur. Posez-lui des questions sur chacun d’eux. Le simple fait d’en parler lui donnera l’occasion de mettre de l’ordre dans ses pensées et de prendre conscience des risques associés à ses décisions. Un projet est bien plus dangereux quand il reste confus, sans structure, car à ce moment, on n’en perçoit pas les failles.

Ensuite, faites quelques recherches. Y a-t-il dans votre environnement des personnes susceptibles d’apporter au projet les connaissances qui font défaut à votre patron? Ne contactez pas ces personnes directement, mais soyez prêt à le faire quand votre patron en aura besoin. À ce moment, une simple suggestion du genre «Je connais quelqu’un qui pourrait…» ou «Avez-vous songé à…» pourrait vous autoriser à entrer en contact avec ces précieuses ressources.

Ne donnez pas votre opinion si on ne vous la demande pas. Ceux qui se prennent pour des superhéros préfèrent que les idées viennent d’eux. Faites comme les sages: donnez votre opinion de façon détournée, en posant des questions. Faites en sorte que vos préoccupations surgissent d’elles-mêmes dans l’esprit de votre patron.

Finalement, n’oubliez pas de penser à vous. Bien sûr, vous devez assurer votre avenir auprès de votre patron actuel au cas où ses projets seraient couronnés de succès. C’est ce que vous ferez en suivant les conseils donnés précédemment. Mais assurez-vous également de pouvoir retomber sur vos pattes s’il fallait que votre unité d’affaires, voire l’entreprise elle-même, s’effondre à la suite de mauvaises décisions. Maintenez dès aujourd’hui vos compétences et vos connaissances à niveau. Ne vous laissez pas engloutir par la torpeur ou la routine.

Savoir reconnaître ses limites, c’est payant!
En 1982, Dave Thomas, fondateur de Wendy’s, s’est rendu compte qu’il était devenu un frein à la croissance de son entreprise. Il a proposé à son conseil d’administration d’être remplacé par un expert en franchisage recruté chez un concurrent. Il allait dorénavant se contenter d’être le porte-parole de l’organisation. Bien lui en fit. En quelques années, la croissance de Wendy’s a été telle que sa valeur a explosé et que Dave Thomas a pu se lancer dans des activités philanthropiques.

En résumé

• Devenez la prudence qu’il a cessé d’incarner. Suggérez des moyens de réduire les risques dans chacune de ses aventures.
• Continuez d’investir dans votre employabilité. Vous aurez ainsi de la facilité à retrouver un emploi le jour où il connaîtra l’échec.