Mon patron considère notre entreprise comme une famille

Chaque semaine, notre chroniqueur répond à une question sur le comportement des patrons.

«Mon patron aime nous dire que nous formons une belle et grande famille, que nous devons nous tenir et qu’il se voit comme un père pour nous. Son attitude devrait me combler, mais au contraire, je ressens un certain malaise. Dites-moi, est-ce une chance d’avoir un tel patron?»

La vérité, c’est qu’une entreprise n’est pas une famille. Votre lien avec votre patron n’est pas un lien filial: c’est un lien contractuel. Vous ne pouvez pas changer de père, mais vous pouvez changer de patron. Confondre les deux est une erreur qui pourrait vous faire tomber dans au moins trois pièges. Voyons lesquels plus en détail.

Dans une famille, tout le monde est, en général, traité également. C’est normal parce que les parents diront: «On vous aime autant l’un que l’autre.» Dans une entreprise, ceux qui rapportent plus devraient gagner plus. Si vous êtes endoctriné par l’employeur-famille, vous risquez d’oublier de demander votre juste part en vous disant que cela vous reviendra un jour. Or, certaines choses ne reviennent pas.

Dans une famille, on s’attend souvent à ce que vous contribuiez à la vie familiale sans être rémunéré. Vous sortez les poubelles, vous faites la vaisselle… C’est votre contribution. Dans une entreprise, à moins de circonstances exceptionnelles, votre travail mérite d’être récompensé selon la valeur du marché. Combien vaudrait votre travail si vous étiez chez le concurrent? Il vaut la même chose à l’interne.

Dans une famille, on évite souvent les conflits en se taisant. C’est une solution qu’il faut éviter d’adopter dans un milieu de travail. Il faut avoir le droit de parole en tout temps, surtout quand on pense que le groupe se dirige vers un précipice.

Bref, même si votre milieu de travail est agréable, que vous vous y réalisez et que vous ne changeriez de place pour rien au monde, il reste que ce n’est pas une famille. Vous échangez vos compétences, vos habiletés, vos aptitudes et votre savoir contre un salaire, qui n’a pas à être diminué parce que vous avez accès à un ersatz de famille.

Refusez d’être embrigadé et de faire abuser de vous, car vous serez amèrement déçu le jour où votre «famille» dérapera, ou vous montrera carrément la porte.

Recadrez mentalement votre lien avec votre employeur. Vous n’êtes pas un comptable lié à XYZ, vous êtes un individu possédant des compétences en comptabilité, et cela ne vous attache aucunement à XYZ si vous avez envie d’aller voir ailleurs.

En résumé

• Soyez conscient de votre valeur. N’acceptez pas un salaire moindre sous prétexte que «vous travaillez pour la famille».
• Ne vous interdisez pas de faire valoir vos droits, parce que vous ne souhaitez indisposer personne.