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Des suggestions révolutionnaires au financement des universités

Photo: Métro

Le leader de la Coalition Avenir Québec, François Legault, a fait figure de révolutionnaire la semaine dernière en proposant deux modifications majeures au financement des universités.

La première de ses suggestions est celle qui a fait couler le plus d’encre. M. Legault propose en effet de créer deux catégories d’universités. La première serait formée d’universités élitistes, dont la recherche est déjà de niveau international, et qui ont besoin des moyens nécessaires pour conserver leur position, voire l’améliorer face aux universités de calibre semblable. Cette catégorie comprendrait les universités Laval, de Montréal et de Sherbrooke, qui pourraient alors demander des frais de scolarité plus élevés pour le privilège de leur fréquentation.

L’autre catégorie serait formée d’universités dites locales, qui ne seraient pas en mesure d’exiger des frais de scolarité aussi élevés que les universités de la première catégorie, et qui seraient, par le fait même, accessibles à tous ceux qui désirent une formation universitaire.

Évidemment, les compo­san­tes de l’Université du Québec se sont vite senties visées.

M. Legault ravivait par ses propos un vieux débat entre les universités du centre de la province et les universités régionales, décrites trop souvent comme des établissements de deuxième catégorie, justement. Ces universités ne vont certainement pas accepter qu’on formalise ce préjugé par le moyen de frais de scolarité différents de ceux de leurs consoeurs des grands centres.

La logique de M. Legault m’échappe d’ailleurs. Est-il en train de suggérer que les étudiants financent la recherche qui fait la notoriété de leur université par le moyen de leurs frais de scolarité? Si oui, se rend-il compte que les étudiants ne payent pas pour la recherche, mais bien pour une formation de qualité? Ils sont en droit de s’attendre à ce que les fonds qu’ils versent servent d’abord à leur offrir cette formation. Les activités de recherche ne sont pas financées par les frais de scolarité, d’ailleurs, mais par les organismes subventionnaires.

La deuxième suggestion de M. Legault semble plus intéressante, soit de moduler les frais de scolarité selon le coût de chaque formation. Selon un rapport de l’économiste Poitevin à paraître en février et cité par La Presse, si les frais de scolarité reflétaient le coût réel de la formation, une année en lettres coûterait 815 $ au lieu du 2 167 $ actuel, une année en sciences humaines 900 $, ou 1 140 $ en droit et 1 720 $ en génie. Plus de 80 % des étudiants jouiraient en fait d’économies substantiel­les si les frais étaient modulés de cette façon, sans pourtant rien changer aux revenus des universités, puisque certaines formations exigeraient au contraire des frais plus importants.

Une meilleure suggestion serait néanmoins de moduler les frais en fonction du retour sur l’investissement espéré du programme suivi. C’est la seule façon pour l’étudiant de vraiment payer sa juste part.

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