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Sage-femme, une profession d’avenir bloquée

Photo: Métro

Les débouchés pour les sages-femmes sont insuffisants, malgré que la demande pour leurs services soit importante. Comment expliquer cette contradiction?

Un grand nombre des jeunes femmes plus éduquées d’aujourd’hui semblent préférer les services des maisons de naissance et des sages-femmes. D’après un sondage Grop dont les résultats ont paru en 2010, 17 % des femmes en âge d’avoir des enfants et possédant un diplôme universitaire désirent l’intervention de la sage-femme plutôt que celle d’un médecin à leur accouchement. De plus, environ 25 % d’entre elles préfèreraient accoucher dans une maison de naissance plutôt qu’à l’hôpital. C’est environ dans la même proportion qu’elles préfèrent l’accompagnement d’une sage-femme durant la période postnatale. Ces chiffres indiquent une augmentation pour la demande des services des sages-femmes depuis 2005.

Pourtant, selon la présidente du Regroupement des sages-femmes du Québec, Claudia Faille, seulement 2 ou 3 % des femmes ont accès à une maison de naissance où les sages-femmes peuvent pratiquer un accouchement. C’est qu’il n’y a que 11 maisons de naissance au Québec à l’heure actuelle, incluant le nouvel établissement qui ouvrira bientôt dans le centre-sud de Montréal. Bien que des points de service existent aussi dans Lanaudière et au Saguenay, leur nombre est donc nettement insuffisant.

Des recherches récentes montrent cependant que les femmes enceintes qui sont suivies par une sage-femme pendant toutes les étapes de la grossesse (prénatal, accouchement, post-natal) sont bien moins susceptibles d’accoucher prématurément ou de perdre leur bébé. Elles nécessitent moins d’interventions médicales lors de l’accouchement, telles que les épidurales ou les épisiotomies. De plus, les services des sages-femmes sont moins dispendieux que ceux des médecins, ce qui devrait encourager l’État à utiliser leurs services. Le salaire moyen d’une sage-femme est  de 50 000 $ par année, quatre fois moins que celui de la plupart des généralistes.

Seule l’Université du Québec à Trois-Rivières offre un baccalauréat préparant les sages-femmes à leur pratique. Il s’agit d’un baccalauréat de quatre ans et demi, un peu plus long qu’un bac en génie, par exemple. Cette longue formation est nécessaire afin d’inclure les stages pratiques et pour rendre les sages-femmes aptes à faire face aux difficultés qui surviennent parfois durant la grossesse et l’accouchement. Seulement de 10 à 15 jeunes femmes sont diplômées chaque année.

Pourquoi diplôme-t-on ainsi, au compte-gouttes, alors que la demande pour les services des sages-femmes est importante, qu’elles ont fait leurs preuves et qu’elles coûtent moins qu’un médecin? On ne pourrait guère offrir plus de diplômes, car on traîne à créer des débouchés pour les sages-femmes au sein du système de santé. Une première entente de services a été conclue en 2005 et est échue en 2010. Les négociations pour une nouvelle entente sont bloquées depuis 2011. Elles achoppent, entre autres, sur le dédommagement ridicule pour les heures de garde (1 $ l’heure). Cette lenteur reflète-t-elle un effort d’interférer sur le marché de l’emploi de ces professionnelles? Le cas échéant, il faut espérer que le temps viendra à bout des résistances.

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