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Electrolux ou le danger de l’absence de formation

Photo: Armand Ohayon/hebdo Rive Nord

Le sort des travailleurs d’Electrolux démontre qu’il n’est plus possible de se présenter sur le marché de l’emploi sans qualification.

L’usine Electrolux de l’Assomption fermera finalement ses portes le 18 juillet prochain. La direction de l’usine en a fait l’annonce vendredi dernier.

Cet avis met fin à plus de trois ans d’ambiguïté, puisque la direction avait déjà signifié en 2010 son intention de déménager l’usine à Memphis, au Tennessee. Quelque 1300 travailleurs se retrouveront sans emploi.

Une usine qui ferme ses portes, ce n’est pas nouveau au Québec. Tous les ans, un certain nombre d’entre elles cessent leurs activités parce que leur marché a changé ou déménagent sous des cieux qui leur sont plus cléments (taxes moins élevées, main-d’œuvre meilleur marché, etc.), comme dans ce cas-ci.

Parfois, certaines fermetures retiennent l’attention des médias plus que d’autres, surtout si les licenciements sont massifs et affectent l’économie d’une région. Elles servent de références et suscitent des débats sur les risques associés au marché du travail.

Parmi les 1300 employés qui seront licenciés par Electrolux, certains ont un métier (soudeur, électromécanicien) et des qualifications recherchées: ils n’auront probablement pas trop de mal à trouver un nouvel emploi, surtout lorsqu’on sait que Lanaudière jouit d’une des économies les plus dynamiques de la province.

Pour ceux qui travaillaient comme opérateurs ou journaliers, la vie après Electrolux semble plus incertaine. Souvent, ces employés ne possèdent pas de diplôme d’études secondaires et n’ont pas acquis de qualifications particulières. Bon nombre d’entre eux sont âgés de plus de 50 ans et ont travaillé pour l’usine pendant 30 ans ou plus; ils ne peuvent donc pas faire valoir une autre expérience. Ce sont de tels travailleurs qui ont été remplacés au cours des 30 dernières années par l’automatisation et qui sont généralement les premières victimes du déclin du secteur manufacturier.

Ces employés gagnaient 40 000$ ou 50 000$ par année, et ils ont une famille, avec les obligations financières qui s’ensuivent. Soudainement, ils se retrouveront privés de leurs revenus, sans le secondaire 5 nécessaire pour travailler au salaire minimum dans une boutique.

Sans doute, plusieurs chercheront à acquérir une nouvelle formation pour améliorer leur sort, mais cette solution pourrait se révéler vaine. D’abord, on sait combien il peut être difficile de retourner aux études, sur le plan financier comme sur celui de l’apprentissage. En outre, le simple fait de compléter leur secondaire 5 (ou l’équivalent) ne leur permettra pas de gagner le même salaire qu’ils font actuellement: il leur faudra ensuite continuer leurs études pour acquérir un métier. Et ce, sans aucune garantie d’être embauchés grâce à leurs nouvelles qualifications, considérant leur âge et leur santé.

Plus jeunes, ces travailleurs ont cru qu’ils pourraient bien gagner leur vie sans formation et, pendant bien des années, ils ont eu raison. Mais c’est fini! C’est malheureux, mais ces travailleurs prouvent qu’on ne peut plus se présenter sur le marché sans formation.

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