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La réforme, les conséquences d’un échec

Photo: Métro

Les élèves issus de la Réforme sont mal préparés à choisir leur programme collégial et à le compléter.

Le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport a rendu publique la semaine dernière une évaluation sur le «Renouveau pédagogique», dirigée par les professeurs Simon Larose et Stéphane Duchesne, de l’Université Laval.

Introduite dans nos écoles secondaires à partir de 2005, la «réforme», comme on la nomme dans le milieu, avait pour but de favoriser la réussite scolaire des plus démunis et de mieux préparer les étudiants aux exigences de la société du savoir. Pour y parvenir, elle a mis l’accent sur les matières de base. Le temps alloué à l’enseignement du français a donc augmenté de 150 heures, et celui alloué à l’enseignement des mathématiques de 50 heures, forçant la disparition de certaines petites matières. De plus, la réforme introduisait de nouveaux objectifs afin de favoriser l’acquisition de compétences utiles pour tous les autres apprentissages, par exemple le développement de l’esprit critique ou l’adoption d’une méthode rigoureuse de travail. Finalement, afin de rendre les étudiants plus proactifs et plus motivés, la réforme préconisait une diminution des cours magistraux en faveur d’approches pédagogiques plus dynamiques, les projets d’apprentissage ou la pédagogie par la découverte par exemple.

On sait que la réforme a rencontré une vive opposition chez plusieurs enseignants, qui ne croient ni en sa pertinence ni en son efficacité. Or, les résultats de l’évaluation semblent bien leur donner raison. Ainsi, depuis la réforme, les garçons, les élèves à risque de décrochage et les anglophones sont moins nombreux à décrocher leur diplôme d’études secondaires que les élèves d’avant la réforme. L’étude révèle également que, malgré l’augmentation des heures d’enseignement, les compétences des élèves en français ne se sont pas améliorées. On observe le même phénomène en mathématiques – bien des élèves provenant de milieux défavorisés ont en fait des notes plus basses dans cette matière que leurs camarades d’avant la réforme.

Cet échec a deux conséquences tragiques. D’abord, ces jeunes sont maintenant mal préparés à continuer leurs études au cégep. En effet, le meilleur prédicteur de la réussite des études collégiales est la maîtrise des connaissances qui doivent être acquises au secondaire. Si ces préalables ne sont pas maîtrisés, les jeunes peuvent éprouver des difficultés qui conduiront à l’échec ou à l’abandon de leur projet d’études. Selon l’évaluation, les jeunes issus de la réforme sont d’ailleurs plus nombreux à prévoir qu’ils auront des difficultés d’apprentissage au collégial.

Ensuite, lorsque les jeunes savent qu’ils maîtrisent mal les savoirs dont ils ont besoin, ils peuvent craindre de ne pas être acceptés dans le programme de leur choix ou de ne pas le terminer avec succès. Ils deviennent donc indécis devant leur choix de carrière, (ainsi qu’il en a été question dans la chronique de la semaine dernière).

Ce «renouveau» nous ramène donc aux mêmes vieux problèmes.

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