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Les inquiétudes justifiées des jeunes

Young woman with laptop Photo: Getty Images/iStockphoto

Plus que jamais, nos jeunes ont raison de se sentir inquiets devant leur avenir.

Alors qu’ils s’apprêtent à reprendre leurs études, les jeunes Canadiens s’inquiètent de ne pas pouvoir régler leurs dépenses et de ne pas trouver un emploi satisfaisant après avoir reçu leur diplôme.

C’est ce que révèle un sondage sur les finances des jeunes, mené à la fin de juillet pour le compte de la CIBC par Angus Reid auprès de 992 étudiants collégiaux et universitaires choisis au hasard dans sa banque de répondants.

Ce sondage révèle que presque la moitié des étudiants (48%) se demandent s’ils pourront payer les frais de scolarité de l’année scolaire qui commence en plus de leurs dépenses personnelles. Ils s’inquiètent également d’accumuler une dette importante durant leurs études et de ne pas pouvoir la rembourser par la suite. De plus, environ 37% d’entre eux se préoccupent déjà de trouver un emploi rémunérateur qui corresponde à leurs aspirations après leurs études.

D’un point de vue psychologique, ces inquiétudes sont tout à fait normales. Être jeune, c’est vivre une période de transition pendant laquelle on devient autonome sur le plan financier comme sur tous les autres. Or, toute transition s’accompagne de son lot d’incertitudes et donc d’inquiétudes passagères. Dans cette optique, ces inquiétudes disparaîtront progressivement lorsque les jeunes deviendront plus sûrs d’eux-mêmes et plus autonomes.

Presque la moitié des étudiants s’inquiètent de ne pas pouvoir payer toutes leurs dépenses.

Cet optimisme se heurte aujourd’hui à la dure réalité économique à laquelle les jeunes doivent faire face. En effet, l’accès à un emploi rémunérateur est la clé de l’autonomie financière, surtout le premier emploi à temps plein après les études. Or, cet accès est devenu de plus en plus difficile et le marché du travail moins accueillant pour les jeunes.

Selon une étude du Centre canadien de politiques alternatives effectuée à l’aide de données de Statistique Canada, les jeunes de 15 à 24 ans ont vu disparaître 185 000 emplois depuis la récession de 2008. Depuis, ils n’en auraient récupéré que 15 000. Un bon nombre de jeunes occupent donc des emplois à temps partiel ou occasionnels beaucoup moins rémunérateurs que les emplois à temps plein. Environ un emploi sur trois occupé par un jeune est un emploi temporaire ou contractuel.

Plusieurs de ces emplois contractuels font partie de la fameuse économie du partage, où les jeunes sont payés pour les services qu’ils rendent plutôt que de recevoir un salaire. En pratique, cela veut dire qu’ils ne savent jamais ce qu’ils vont gagner d’une semaine à l’autre puisque la demande pour leurs services varie.

Souvent, les jeunes ne travaillent tout simplement pas. Leur taux de chômage est le double de celui des adultes en ce moment. Au Canada, 31% des chômeurs sont des jeunes de 25 à 34 ans. Aucun autre groupe d’âge ne chôme tant.

L’inquiétude des jeunes est donc probablement plus qu’une simple angoisse passagère devant une transition prévisible. Ils ont compris que l’environnement où ils doivent évoluer s’oppose en fait à cette transition et limitera leur autonomie financière.

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