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Les convictions de Richard Martel

Conservative Leader Andrew Scheer, right, and Saguenay-Le Fjord candidate Richard Martel chat as they carry food at the famous Boivin cheese counter, Thursday, June 14, 2018 in Saguenay, Que. The Conservatives appear poised to steal a Quebec riding away from Justin Trudeau's ruling Liberals. Conservative candidate Martel has jumped into a commanding early lead in a federal byelection being held in the riding of Chicoutimi-Le Fjord.THE CANADIAN PRESS/Jacques Boissinot Photo: Jacques Boissinot/La Presse canadienne

L’ancien entraîneur de hockey Richard Martel a remporté hier une victoire éclatante dans Chicoutimi-Le Fjord. Il y représentera donc les conservateurs avec la fougue qu’on lui connaît.

La même fougue qui l’aura fait congédier par les Brûleurs de loups de Grenoble, la dernière équipe qu’il a dirigée et l’équipe avec le nom le plus folklorique au monde, après celui des Puissants canards d’Anaheim.

En séries, dans un match contre les Ducs de Dijon, il avait ordonné à l’un de ses joueurs d’aller frapper le gardien adverse. À 33 secondes de la fin. Quand son équipe perdait 6-2.

Un fin stratège donc, qui ne pourra peut-être pas user de ce genre de tactique à Ottawa. C’est que M. Martel ne s’y connaît pas trop en politique, comme il l’avouait en début d’année à KYK Radio X, expliquant avoir été convaincu par le directeur des opérations pour le Québec du Parti conservateur, Antoine Tardif:

«Quand j’ai parlé à Antoine Tardif, j’ai dit: “J’pas docteur en politique. Il m’a dit, Richard, pas docteur en politique. Tout le monde rentre un moment donné en début. Pis tu ne peux pas tout savoir en politique. On a des dossiers que tu vas apprendre et que c’est ça que tu vas divulguer aux gens.”»

Plusieurs choses dans cette petite déclaration. D’abord, on apprend qu’il n’est pas docteur en politique (ni en français, visiblement). Aussi, il nous assure que «Tout le monde rentre un moment donné en début». Ça pourrait sembler logique, mais la formulation sème un doute.

Mais surtout, Richard Martel montre une belle candeur en nous expliquant qu’il n’aura qu’à apprendre les grandes lignes des dossiers et les recracher aux électeurs. C’est ça, faire de la politique, semble-t-il.

Est-ce à dire que le nouveau député n’est pas un homme de conviction? Bien sûr que non. Il déclarait dans la même entrevue les raisons de son arrivée en politique:

«C’est pas du paradage que je veux faire là. Tsé, je suis en politique, je suis là pour faire de la politique, je suis là pour être en politique et je suis là pour gagner aussi.»

Il est donc en politique pour faire de la politique (et pour inventer des nouveaux mots, peut-être).

D’ailleurs, après sa victoire d’hier, il déclarait:

«Il y a six mois, j’ai pris la décision de servir les gens d’ici, parce que c’est ça, un bon député, et c’est ça que les citoyens de Chicoutimi-Le Fjord méritent.»

Il a décidé de servir les gens parce que servir les gens, c’est ce qu’un député fait. On se moque parfois de la langue de bois de Mélanie Joly (avec raison), mais crier dans un vestiaire de hockey n’empêche pas de dire des banalités. Suffit d’écouter un point de presse de Claude Julien pour s’en convaincre.

D’ailleurs, un perspicace animateur de Radio X a Québec a voulu plus récemment, dans une entrevue pourtant assez complaisante, le questionner au sujet de son passé trouble, lui demandant s’il avait toujours été fédéraliste. S’en est suivi un long silence qui déboucha sur cette réponse:

«Écoute, j’te dirais, c’est une bonne question. Pas mal. Pas mal. Tu sais que dans région ici c’était assez difficile dans l’temps, mais pas mal.»

Il a «pas mal» toujours été fédéraliste. Malheureusement, l’animateur ne l’a pas questionné sur le référendum de 1995. C’eut été drôle de l’entendre préciser qu’il avait «pas mal» toujours été fédéraliste, sauf une fois au référendum.

N’empêche que ça ne bat pas l’excellente citation de la candidate de la CAQ Caroline Proulx qui, elle aussi, a dû renier son passé souverainiste en annonçant sa candidature:

«Chez nous, on a été des souverainistes, des indépendantistes. Oui, j’ai voté oui en 95 comme une forte majorité de Québécois.»

Une forte majorité, rien de moins. Pour se défendre, Mme Proulx pourrait dire qu’elle n’est pas une «docteure en mathématiques».

Reste que la présente campagne est marquée par l’arrivée de candidats qui ont beaucoup de lousse dans leurs allégeances, ce qui ne semble pas refroidir les ardeurs des électeurs.

Très hâte de voir si comme l’a évoqué Bernard Drainville au 98,5 FM, Enrico Ciccone se présentera pour la CAQ ou le Parti libéral du Canada. Martel contre Ciccone à la Chambre des communes, ça devrait brasser.

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