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Mélanie Joly, prof de cassette

Photo: Denis Beaumont/Métro

Paraît que ce n’était pas noir de monde à la conférence de presse convoquée lundi par Mélanie Joly pour annoncer sa candidature à la mairie. Disons que les journalistes affectés au municipal avaient d’autres chats à fouetter ce matin-là. Mais les déboires d’Applebaum n’étaient pas la principale raison d’un certain désintérêt envers l’arrivée en politique de Mélanie Joly. L’avocate de formation part avec une autre prise contre elle. Elle provient du milieu que les journalistes détestent le plus : les relations publiques.

Dans les cinq dernières années, Mélanie Joly a été associée directrice chez Cohn & Wolfe, un cabinet de relations publiques comptant parmi ses clients Prével, Lafarge, Nissan, Canarail, Gildan, Constellation Brands et Tourisme Montréal. Le passif de ces organisations n’est qu’un détail. Ce qui est le plus dérangeant, pour un journaliste, c’est le métier de relationniste en tant que tel.

Les journalistes ont toujours entretenu une relation ambiguë avec les relationnistes. Et pour cause : ce sont eux que les compagnies paient pour tenter de nous manipuler. Et être manipulé, c’est à peu près la pire chose qui puisse arriver à un journaliste.

Pour parvenir à leurs fins, les relationnistes ont toutes sortes de stratégies à leur disposition. Ils peuvent faire copain-copain avec nous, nous faire filer coupable, ou nous acheter en nous offrant des bébelles. Quand je vois des blogueurs twitter avec beaucoup trop d’enthousiasme à propos d’un produit ou d’un événement, je me demande toujours ce qu’ils ont reçu en retour. La plupart du temps : un gros lunch.

Ils peuvent aussi nous flatter dans le sens du poil en nous amenant à nous sentir hyper exclusifs d’être invités à un événement top VIP. Ils vont à l’occasion faire semblant d’avoir du fun en notre compagnie pour «bâtir une belle relation». Toujours trop contents de leur produit, trop fans de leur client, trop familiers, parfois maladroits. Souvent, ils nous font un peu pitié.

Je généralise, évidemment. Il y a plein de «bons relationnistes». Mention spéciale à ceux qui retournent nos appels rapidement, qui ne nous débouquent pas à la dernière minute, qui nous briefent sans nous inonder d’information, qui nous laissent nous faire notre propre idée et qui ne nous donnent pas d’excuse bidon pour refuser une entrevue. «Il n’a aucune disponibilité dans son agenda d’ici à votre date de tombée.» On y croit rarement.

Mais la pire stratégie, c’est celle qui consiste à emberlificoter le message. Parmi les services offerts par Cohn & Wolfe, il y a la «formation de porte-parole». Entre nous, on appelle ça les cours de cassette.

Imaginez le rapport que peuvent entretenir les journalistes avec Mélanie Joly, professeure de cassette. En entrevue, la jeune politicienne a déjà montré quelques symptômes de «casséïte». Je ne connais qu’un seul gars capable de soigner les politiciens de cette affection pernicieuse : Jean-René Dufort. Malheureusement pour Mélanie Joly, Infoman est en vacances cet été.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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