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D’humeur austère

Un sondage Léger révélait récemment qu’une majorité de Québécois était d’accord avec l’«austérité». C’est ainsi que Michel Kelly-Gagnon présentait les plus récents échos de l’humeur de la population sur son blogue de l’Institut économique de Montréal. Comme il l’explique, «les Québécois sont en majorité d’accord avec six des sept mesures adoptées jusqu’ici par le gouvernement», dont le gel salarial des employés de l’État, la modulation des tarifs en CPE, mais aussi, et ça, monsieur Kelly-

Gagnon ne le soulignait pas, l’augmentation des taxes pour les compagnies d’assurances et les institutions financières. Bref, il serait plus juste de dire que les Québécois sont en faveur d’une certaine «austérité pour tous».

Mais il y a un autre moyen d’interpréter ce sondage : le gouvernement a réussi à convaincre une majorité de Québécois qu’ils ne se faisaient pas avoir avec les mesures d’austérité qui vont diminuer leur qualité de vie aux profits d’une minorité de nantis. Ou encore, le gouvernement a réussi à convaincre une majorité relative de Québécois (46 %) que l’équilibre budgétaire devait être une priorité.

Parce que, dans les faits, les Québécois, si on leur demandait s’ils sont en faveur de l’augmentation du taux de décrochage scolaire, d’une approche plus réactive que préventive en médecine, d’un retour des femmes à la maison, d’une diminution de la natalité, d’un maintien des salaires des hauts fonctionnaires, ils vous répondront qu’ils sont contre. Ils ne sont pas cons. Vous me direz que, formulées ainsi, ces questions de sondage seraient tendancieuses. Et vous auriez raison.

Mais en octobre dernier, selon un autre sondage Léger, 70 % des Québécois étaient d’accord pour dire que la réduction des inégalités de revenus au Québec devrait être une priorité pour le gouvernement du Québec. Et parmi les moyens proposés pour y parvenir, «imposer davantage les plus riches […], renforcer la qualité et l’accès universel à l’éducation, et renforcer la qualité et l’accès universel aux soins de santé» étaient les trois solutions les plus populaires. Pas exactement le programme que nous propose en ce moment le gouvernement libéral. Évidemment, quand on leur demandait s’ils étaient prêts à payer plus d’impôts pour réduire les inégalités, la majorité des répondants était en désaccord.

L’humeur des Québécois peut sembler contradictoire, voire mal avisée. Mais chose certaine, si le gouvernement a réussi à en convaincre un paquet que l’heure était grave au point où le retour à l’équilibre budgétaire était la priorité, ça ne veut pas dire que les Québécois soient prêts à couper dans les programmes sociaux qui ont amélioré leur qualité de vie au cours des 50 dernières années.

Surtout si, en bout de ligne, le résultat les laisse plus misérables et dépendants.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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