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Trois mythes sur la poignée de main

business people handshaking Photo: Getty Images/iStockphoto
Eve Beaudin - Agence Science-Presse

Les poignées de main du président américain Donald Trump ont été scrutées à la loupe, notamment lors de sa rencontre avec le premier ministre Justin Trudeau.

De nombreux articles ont souligné la fermeté de ses poignées de main, ses tapotements sur l’épaule de son interlocuteur, sa tendance à attirer brusquement vers lui l’autre personne, qualifiant ses poignées de main de «bizarres» et de «dominantes». Mais une poignée de main a-t-elle vraiment autant d’importance qu’on le croit? Le Détecteur de rumeurs en profite pour vérifier la validité de quelques-unes de nos idées reçues.

1. Les poignées de main révèlent notre personnalité

Une étude qui se démarque à ce sujet est celle de l’Université de l’Alabama publiée en 2000 dans le Journal of Personality and Social Psychology. Des psychologues ont formé des juges pendant un mois de manière que ceux-ci puissent évaluer des caractéristiques objectives d’une poignée de main (adhérence, température, sécheresse, force, durée, vigueur, texture et contact visuel). Ensuite, les juges devaient évaluer des participants qui avaient répondu à des tests de personnalité. Les résultats ont fait ressortir les points suivants :

• Il était difficile pour les juges de prendre en considération toutes les caractéristiques objectives. C’est la fermeté qui était la caractéristique la plus importante d’une «bonne» poignée de main.

• Les juges avaient une première impression plus positive des gens qui donnaient une poignée de main considérée comme «bonne».

• Une «bonne» poignée de main, telle que perçue par les juges, était associée aux participants dont les tests avaient révélé qu’ils étaient plus extravertis et ouverts à de nouvelles expériences.

• Ceux qui avaient des personnalités anxieuses et timides donnaient des poignées de main considérées comme «mauvaises» par les juges.

• Contrairement à ce qu’on peut penser, les femmes auraient avantage à donner une poignée de main ferme à l’occasion d’une première rencontre. Ce geste est perçu encore plus positivement.

• Bref, pour les deux sexes, une poignée de main ferme tend à générer des impressions favorables.

2. Une bonne poignée de main augmente les chances de décrocher un contrat

L’Université de l’Iowa a mené en 2008 une étude qui impliquait 98 étudiants, des employeurs potentiels et des «experts en poignées de main». Les étudiants prenaient part à des entretiens d’embauche et les patrons potentiels étaient ensuite invités à classer les candidats. Puis, des experts analysaient la poignée de main des candidats. Les résultats : les étudiants qui ont été notés comme ayant les poignées les plus fermes par les juges étaient aussi les plus susceptibles d’être embauchés. Les «employeurs» considéraient ces candidats comme des extravertis avec de grandes compétences personnelles, alors que ceux qui donnaient des poignées de main molles se retrouvaient au bas de la liste. Selon l’étude, une poignée de main doit être ferme, pas trop forte, avoir un mouvement vigoureux de haut en bas et être accompagnée d’un contact visuel.

3. La poignée de main génère davantage d’activité dans une zone spécifique du cerveau

Dans le cadre d’une étude publiée en 2012 dans le Journal of Cognitive Neuroscience, des chercheurs ont étudié les corrélats neuronaux d’une poignée de main pour expliquer l’importance de cette pratique dans nos interactions sociales. Grâce à l’imagerie par résonance magnétique, ils ont pu démontrer qu’il y avait plus d’activité dans une région spécifique du cerveau quand on se serre la main avant une interaction. Ils ont également montré que toutes les poignées de main n’auraient pas un impact positif : il faudrait une poignée de main ferme et une attitude amicale pour susciter des sentiments positifs.

Le bémol
Les études réalisées jusqu’à maintenant semblent confirmer ce que notre intuition nous dicte, à savoir que les poignées de main fermes sont perçues comme les plus positives. Qui sait, Donald Trump sent peut-être qu’il a un problème d’image et il essaie maladroitement de se rattraper?

Toutefois, attention de ne pas sortir le geste du contexte. Les politiciens jouent un rôle et apprennent à maîtriser les codes du langage non verbal pour influencer nos perceptions.

Il est connu par exemple que politiciens et gens d’affaires reçoivent des cours pour maîtriser les différents styles de poignées de main et leur langage corporel en général. Bref, ils savent modifier et optimiser leur langage non verbal, particulièrement dans un contexte d’opération photo.

Et la biologie?
On sait déjà qu’on peut transmettre des germes avec des poignées de main. Il a été découvert dans le cadre d’une recherche à l’Institut Weizmann que les poignées de main pourraient être des moyens de transmettre des signaux chimiques sociaux.

En observant des participants avec des caméras cachées, on a découvert que les humains auraient tendance à approcher leur main de leur nez après avoir serré la main d’un interlocuteur! Les chercheurs pensent que ce comportement inconscient aurait pris la relève d’un comportement plus ancien qui consistait à renifler une personne pour en savoir plus sur elle, comme le font les animaux.

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