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Tout lâcher pour devenir entrepreneur

Photo: GARON

En quête de plus grands défis, de nouvelles sources de motivation, ou poussés par leur fibre entrepreneuriale, nombreux sont les employés qui, à un moment de leur carrière, décident de laisser un poste stable pour se lancer en affaires. Si cette décision requiert une bonne dose de culot, elle nécessite également une solide préparation, comme l’ont expliqué à Métro quelques experts de la question.

Quitter une «job de rêve» pour démarrer sa propre entreprise, c’est le pari osé qu’a fait Nectarios Economakis il y a trois ans en décidant de renoncer à son poste de directeur de comptes chez Google Montréal. «J’y ai passé quatre merveilleuses années. Puis, j’ai eu une petite crise  de mi-trentaine où je me suis demandé ce que j’allais faire de ma vie: continuer chez Google ou essayer de bâtir quelque chose», se souvient M. Economakis. En côtoyant de jeunes start-up au sein du célèbre géant californien, il décide d’en prendre exemple et s’allie avec deux associés pour fonder PNR, une firme de conseil en gestion dans le domaine de la technologie.

Au moment de démissionner, M. Economakis n’a d’ailleurs pas hésité à décliner la proposition de Google l’invitant à prendre un congé sabbatique de six mois, avec la possibilité de revenir ensuite si son projet ne s’avérait pas concluant. «Je ne pouvais pas dire à mes associés: “Si ça ne marche pas, je retourne à mon emploi.” Et, six mois, ce n’était pas une période suffisante. L’horizon de temps n’était pas réaliste pour savoir si cela fonctionnerait ou pas. Au final, cela a donné le nom de notre entreprise: Point de non-retour (PNR)», raconte-t-il, ajoutant que son entreprise est aujourd’hui rentable.

«Ce n’est qu’en se lançant en affaires qu’on a le contrôle sur sa vie, autant que sur le produit final. Cela apporte aussi la possibilité de faire des changements et de voir les résultats immédiatement.» – Alexandre Caron, fondateur de Kuisto et aujourd’hui copropriétaire de COOK It

De l’aéronautique… au prêt-à-cuisiner
Après six ans passés chez le constructeur aéronautique Airbus à Hambourg, en Allemagne, Alexandre Caron a quant à lui décidé d’opérer un virage à 360 degrès au moment de revenir s’installer au Québec, en 2014. Il a renoncé ainsi à poursuivre sa carrière en ingénierie pour plutôt lancer Kuisto, une entreprise de livraison de boîtes de repas prêts à cuisiner. Un choix motivé par une certaine fatigue envers le monde de la grande entreprise, qui ne lui offrait pas vraiment la possibilité d’exprimer sa pleine créativité.

«Ce n’est qu’en se lançant en affaires qu’on a le contrôle sur sa vie, autant que sur le produit final. Cela apporte aussi la possibilité de faire des changements et de voir les résultats immédiatement», fait-il valoir.

Alexandre Caron reconnait volontiers avoir dû surmonter l’aversion du risque «qu’ont beaucoup les ingénieurs» pour s’adapter à sa nouvelle vie d’entrepreneur. «On voit toujours le pire scénario. Donc, ça prend beaucoup de lâcher-prise pour être heureux dans les premiers mois», indique celui qui, avec ses associés initiaux, n’a pas hésité à investir ses propres économies comme mise de fonds.

Trois ans après sa création, Kuisto a fusionné en mars avec COOK It, une firme concurrente. «COOK It compte présentement plus de 30 employés. Nous avons un chiffre d’affaires en croissance, qui devrait probablement se situer entre 4 et 5 M$ d’ici la fin de l’année», précise M. Caron, désormais vice-président, directeur des opérations et copropriétaire de COOK It.

Comprendre  et concrétiser son virage entrepreneurial

La PDG de Femmessor, Sévrine Labelle, croit que le besoin de se réaliser arrive au premier rang des motivations entrepreneuriales des personnes choisissant de quitter leur emploi. Vient ensuite la volonté d’acquérir une liberté et une flexibilité plus grandes en devenant son propre patron. «Du côté des femmes, on va aussi chercher une motivation plus intrinsèque : elles vont vraiment souhaiter vivre de leur passion et faire une différence positive dans la vie des gens», constate la présidente de cet organisme qui accompagne, chaque année, plus de 1 000 femmes dans le démarrage, l’acquisition, la relève et la croissance d’entreprise.

«[Il faut] arrêter de se remettre constamment en question et oser passer à l’action.» – Sévrine Labelle, PDG de Femmessor

Selon elle, une bonne dose de créativité, d’innovation, d’initiative, de confiance en soi, mais également la capacité d’imaginer un projet d’affaires original, sont autant de qualités essentielles à tout nouvel entrepreneur. «Cela prend aussi énormément de persévérance et un bon esprit d’équipe», remarque la PDG.

Tout en recommandant de ne pas lâcher son emploi du jour au lendemain et en insistant sur la nécessité de bien se préparer et s’entourer, Sévrine Labelle rappelle qu’il faut à un moment donné «arrêter de se remettre constamment en question et oser passer à l’action».

Chaque année, Femmessor octroie à une centaine à de femmes entrepreneures des prêts oscillant entre 20 000 et 150 000$.

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