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Entreprises familiales: un transfert réussi mais pas sans embûches

Heureusement, le chapelier montréalais Henri Henri, lui, a réussi à faire mentir les statistiques. Depuis 1932, trois générations de Lefebvre se sont succédé à la tête de l’entreprise. Même si la petite boutique de 10 salariés de la rue Sainte-Catherine n’a pas fait appel à un professionnel pour gérer les transitions (seuls un fiscaliste et un notaire sont intervenus pour la vente), on peut dire qu’elle a su éviter les plus gros écueils. «La principale erreur que font les entrepreneurs, c’est de ne pas se laisser suffisamment de temps pour le transfert de propriété», déclare Éric Dufour, responsable du management stratégique chez Raymond Chabot Grant Thorton. Les deux étapes importantes sont le transfert légal, qui inclut la variable financière, et ensuite le transfert de savoir et sa dimension humaine.

Pour un transfert en douceur, il faut s’y prendre environ cinq ans à l’avance, selon M. Dufour. «Quand on manque de temps, il faut passer par les deux étapes  à la fois, et ça augmente les risques d’é­chec. Car il ne faut pas se le cacher, le transfert d’entreprise, c’est un événement très émotif», ajoute M. Dufour.

Dans le cas de Jean-Marc Lefebvre, 34 ans, la passation de pouvoir s’est faite sans trop d’anicroches. Entre le mo­ment où son père lui a proposé de reprendre l’entreprise et celui où il en a pris les rênes en 2007, il s’est passé deux ans. «Comme j’ai grandi dans la boutique, j’en connais bien le fonctionnement», raconte M. Lefebvre.

Ça ne l’a pas empêché, lui aussi, de faire face à un conflit de génération, comme dans bien des cas de transfert d’entreprise. «Ce type de transaction est trop souvent piloté par des comptables qui essaient d’en régler les aspects légaux et financiers avant l’aspect humain», note sur son blogue Marcel Bérubé, président du Groupe Perspective, une entreprise qui conseille notamment les entrepreneurs.

Dans le cas de Jean-Marc Lefebvre, le changement de garde est aussi passé par des séparations difficiles avec certains employés. «C’est toujours un peu délicat, mais en même temps, c’est inévitable», note le nouveau patron d’Henri Henri tout en se félicitant que certains d’entre eux, qui travaillaient depuis longtemps avec son père, soient toujours là.

Réglementation à changer
Atteint du cancer, le père de Jean-Marc Lefebvre avait deux options pour sa chapellerie. Vendre avec son cÅ“ur en misant sur son fils, ou vendre avec son portefeuille et cher­cher quelqu’un de l’exté­rieur. «En vendant à un étranger, il aurait bénéficié d’une exonéra­tion cumulative de gain en capital pouvant aller jusqu’à 750 000 $, ce qui n’est généralement pas le cas quand on vend à son enfant», note Éric Dufour, qui plaide pour que cette réglementation «discriminatoire» soit modifiée.

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