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David Goranitis, peintre éboueur

Photo: Daphné Caron/Urbania

Il travaille dans un camion-benne, mais pour lui, ramasser les vidanges, c’est pas juste un sale job, c’est un art.

Si je dis que tu es éboueur, est-ce quec’est péjoratif?
Je pense que ça décrit ceux qui ramassent la merde, mais moi, ça ne m’offusque pas. En réalité, je recueille les articles à recycler pour la Ville de Montréal. C’est un peu différent, parce qu’on ne ramasse pas le même style de déchets. Le recyclage, ça ne pue pas, et l’ergonomie est complètement différente. Les vidanges, c’est des sacs; tu peux les agripper et utiliser la force d’inertie. Nous, c’est plus des mouvements carrés vu qu’on ramasse des bacs. On peut en récolter 900 dans une run; à la longue, on améliore nos stratégies.

T’as l’air passionné par ton métier, alors que pour plusieurs, c’est à peu près le pire travail du monde!
C’est pas le pire métier du monde. C’est très demandant, ça peut être abrutissant, mais moi, j’associe beaucoup ça à la danse. C’est un peu comme si on dansait avec les bacs, avec le camion et avec notre partenaire, comme une chorégraphie. Je rêve de voir un chorégraphe contemporain s’inspirer de ça, parce que c’est vraiment beau.

Tellement beau que ça t’a inspiré des toiles?
Comme j’ai un background en art, je vois ça avec mes lunettes d’artiste. D’autres le voient comme un sport. Ça nous permet d’accepter cette réalité qui est assez dure. Je voulais dépeindre ça. Ces gars-là sont forts mentalement et font aussi preuve d’une intelligence physique qui leur permet de ne pas se blesser. Je les trouve résilients.

Pourquoi les trouves-tu beaux?
Je ne les trouve pas vraiment beaux, mais c’est ma réalité. Les toiles que j’ai peintes les représentent dans les journées les plus froides de l’hiver. Ce sont deux partenaires.

Est-ce que les partenaires, dans ton domaine, c’est comme dans la police?
Oui, ce sont des équipes très fortes. Les gars apprennent à travailler ensemble et à communiquer. Si tu t’entends pas bien avec ton partenaire, le job se fait très mal et il y a beaucoup plus de risques de blessures.

Les pires conditions, c’est quoi?
Quand il fait extrêmement froid ou extrêmement chaud, ou quand il fait environ 0 oC et qu’il pleut. Le froid te prend jusqu’aux os.

Comment on se sent après un quart de travail?
Les quarts durent 9 heures, et notre parcours fait en moyenne 10 km. On est épuisés.

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