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La mince ligne rouge du travail gratuit

Photo: Getty Images/iStockphoto
Sarah Champagne - 37e avenue

Si vous débutez sur le marché de l’emploi ou si vous êtes travailleur autonome, on risque fort de vous demander de travailler… gratuitement. Comment réagir? Quelques réponses adaptées aux circonstances.

Stage
Le stage est un passage obligé pour plusieurs professions, mais il est surtout une occasion d’apprentissage précieuse. Hélas, une bonne partie des stages en milieu de travail ne sont pas rémunérés. Les stagiaires sont explicitement exclus de la Loi sur les normes du travail, qui garantit autrement un salaire minimum pour tout travail effectué.

Prenez-le comme une occasion de vous exercer, sans la pression de devoir répondre aux mêmes critères de performance qu’un employé régulier. C’est aussi le temps de savoir si la carrière à laquelle vous vous destinez vous intéresse vraiment. Attention: si votre stage n’est pas sous la responsabilité d’un établissement d’enseignement, que vous n’êtes pas rémunéré et que vous voulez être protégé par la Loi sur la santé et la sécurité du travail, une demande doit être faite par l’entreprise où vous effectuez le stage.

En formation ou en «période d’essai»
La Commission des normes du travail est on ne peut plus claire à ce sujet : il est illégal de n’offrir aucun salaire à un employé en formation ou en période d’essai, même si on lui fait miroiter du travail ensuite. Vous acceptez tout de même en pensant donner un coup de pouce à de futurs collègues? Peut-être. Mais il est aussi plausible que des personnes déjà en poste vous perçoivent comme de la concurrence déloyale.

Pour rencontrer des gens
Les situations où on vous demande d’être bénévole dans un cocktail d’ouverture d’un festival de film ou de distribuer des dépliants dans une soirée de la Caisse de dépôt et placement du Québec sont plus ambiguës. La question est la suivante: voulez-vous servir un verre à une grosse pointure ou plutôt discuter avec elle du bon côté du comptoir? Pour être considéré à votre juste valeur, il vaut parfois mieux ne pas endosser le t-shirt «bénévole». La transmission de connaissances et le potentiel de réseautage sont les deux facteurs à évaluer pour savoir si le jeu en vaut la chandelle. Définissez tout de même dès le début vos limites et posez des questions sur les personnes qui seront présentes à l’événement en question.

Pour faire avancer sa carrière
La «visibilité» et le portfolio sont toujours des motifs invoqués pour justifier le temps passé à s’éreinter sans rémunération. Certains professionnels sont plus touchés plus que d’autres par ces offres: journalistes, illustrateurs, traducteurs, concepteurs web, etc. Des graphistes exaspérés de recevoir de honteuses propositions ironisent en ligne: «Bonjour, je cherche une boulangerie gratuite».

La stratégie pourrait tout de même vous valoir des contrats plus tard en renforçant votre crédibilité et en faisant circuler votre nom. Pour juger si les services demandés contribueront réellement à construire votre image professionnelle, demandez-vous ce que vous voulez ajouter à votre portfolio. Combien d’heures pouvez-vous y consacrer sans compromettre votre capacité à payer le loyer? Qu’avez-vous à gagner de telle marque ou de telle compagnie pour votre marketing personnel?

Pour la bonne cause
La cause d’un organisme de charité vous tient à cœur? Avant de vous engager, pensez au nombre d’heures que vous souhaitez y consacrer. Vous pouvez aussi demander des tâches précises, celles que vous voudriez voir apparaître sur votre CV, par exemple.

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