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Bâtir son immigration comme on bâtit sa maison

Photo: collaboration spéciale

Une fois par mois, Métro propose, en collaboration avec le projet Alliés Montréal de la Conférence régionale des élus de Montréal (CRÉ), des portraits inspirants de Montréalais issus de l’immigration qui témoignent de leurs parcours et de leurs succès.

Immigrer au Québec, Mateus Cordeiro y a longuement réfléchi. L’architecte brésilien n’est pas homme à agir sur un coup de tête. Avec prudence, mais aussi avec courage, il a choisi Montréal pour port d’attache.

«Le Brésil se développe trop vite, sans penser à demain. Ici, j’habite à côté d’un jardin communautaire, la vie est bien plus simple.» Alors qu’il étudiait l’architecture dans son pays natal, il se souvient d’avoir lancé l’idée de créer un jardin sur un toit. «On m’a regardé comme si j’étais fou.» De cela, Mateus ne s’ennuie pas.

«Le Québec fait énormément de publicité pour attirer des Brésiliens. Télé, radio, journaux, séances d’information dans des salles de spectacles pleines…» C’est comme ça que l’idée d’immigrer à Montréal germe dans sa tête. Il maîtrise déjà le français, appris pendant un séjour de trois ans à Paris, début vingtaine. Atout de taille, qui explique peut-être qu’il obtienne son certificat de sélection du Québec en 40 jours à peine. L’étape suivante, l’octroi de la résidence permanente par le gouvernement fédéral, est une autre histoire. Il devra attendre deux ans, pour finalement s’installer ici en décembre 2012.

Grande décision que celle d’immigrer. «Quitter sa famille, c’est un peu comme une mort. Ce qu’on déracine ne peut jamais être remis en terre tel quel, au même endroit.» Mais les opportunités offertes par le Québec l’ont emporté, après mûre réflexion. Pas du genre à se lancer dans le vide, Mateus commence par étudier un an à McGill en 2008, à la maîtrise en architecture. Il repart ensuite trois ans à Belo Horizonte, où il exerce son métier le temps que ses démarches d’immigration aboutissent. Le temps, aussi, de bien mûrir sa décision.

Puis vient le grand départ. À son arrivée, il envoie des centaines de CV et n’obtient que quelques rares réponses, négatives. «Les neuf premiers mois sans emploi ont été très durs, pour moi qui ai besoin d’être constamment actif.» Après avoir quitté l’université, il n’avait jamais eu à chercher du travail. Au Brésil, les opportunités s’étaient présentées très vite. Engagé dans le développement de maisons durables et abordables, il avait facilement déniché du travail dans ce domaine. À Montréal, confronté à des codes culturels qu’il connaissait peu, la recherche d’emploi lui a parfois donné le vertige.

C’est un programme de mentorat qui lui apporte finalement les clés de l’embauche. «Ça peut avoir l’air de rien, discuter une heure par semaine avec quelqu’un, mais ces conseils ont fait toute la différence.» Avec du recul, il comprend pourquoi ses premières tentatives sont restées lettre morte. «Frapper aux portes», se vendre, être percutant: rien de tout ça ne lui était familier. «Je ne connaissais pas les rouages de la recherche d’emploi. J’ai compris beaucoup de choses le jour où j’ai entendu un conseiller en ressources humaines expliquer que tout se joue en quatre secondes quand on envoie une candidature par courriel.» Mateus apprend à aller droit au but et refait son portfolio avec l’aide de son mentor. «J’y mettais toutes mes réalisations. Ensemble, nous avons sélectionné les meilleures.»

En novembre 2013, il intègre le bureau d’architectes Campanella & associés. Bien qu’il doive patienter avant de pouvoir officiellement intégrer l’Ordre des architectes du Québec (il doit exercer deux ans, puis passer quatre examens), Mateus fait ce qu’il aime au quotidien.

Concevoir des bâtiments durables et abordables. Et ponctuer ses journées par un coup d’œil sur le jardin communautaire.

L’émission de Radio-Canada International Tam-Tam Canada a produit une version radio de ce reportage. Réalisée par la journaliste Anne-Marie Yvon, elle est disponible sur le site de RCI (rcinet.ca/francais).

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