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Quand immigrer donne des ailes

Photo: Yves Provencher/Métro

Une fois par mois, Métro propose, en collaboration avec le projet Alliés Montréal de la Conférence régionale des élus de Montréal (CRÉ), des portraits inspirants de Montréalais issus de l’immigration qui témoignent de leur parcours et de leurs succès.

Merling Sapene est une battante. Quand elle regarde derrière elle, elle constate qu’elle préfère sa vie d’aujourd’hui à celle d’avant et qu’elle ne regrette rien de ce qu’elle y a laissé.

«Il faut couper le cordon ombilical avec son pays d’origine. Il m’a fallu deux ans, pendant lesquels je me disais “c’est un mauvais rêve, je vais finir par me réveiller.” Puis, j’ai compris que je devais arrêter de penser comme ça.» Avec pudeur, Merling évoque à demi-mot la déchirure de l’immigration. De son témoignage, ce qu’elle veut qu’on retienne, c’est l’espoir.

Au Venezuela, formée en administration des affaires, Merling occupe un poste prestigieux de consultante au sein de la société Arthur Andersen, et caresse l’espoir d’y devenir prochainement associée. Son mari possède et dirige une entreprise prospère qu’il a lui-même fondée. «Nous avions un avenir brillant», dit-elle, mais le contexte politique et social les mène à quitter le pays, avec leurs enfants.

Des amis vénézuéliens s’étaient installés à Montréal quelques années avant leur départ. La famille leur rend visite à plusieurs reprises, et le choix s’impose de lui-même. «J’éprouvais un sentiment de familiarité avec le Québec. Les gens, la façon de vivre, les paysages… je me sentais déjà un peu chez moi ici. Quand j’ai découvert Mont­réal, j’ai senti que c’était là que je voulais que mes enfants grandissent.»

À 40 ans, elle repart à zéro. Avant de faire le grand saut, Merling envoie son CV dans plusieurs grandes entreprises de la métropole. Alors qu’elle est seulement en visite de repérage, avant même d’être vraiment installée ici, elle décroche des entrevues, puis un emploi. La famille dépose alors une demande de résidence permanente. Très vite, Merling se rend toutefois à une dure évidence: «Je ne maîtrisais pas encore assez le français.» Elle choisit donc de quitter son emploi pour se consacrer à l’apprentissage de cette langue. «Je n’étais pas capable de mettre toutes mes compétences en valeur sans parler un très bon français.» Selon Merling, pas d’intégration possible si on ne parle pas couramment le français. Elle s’y met d’arrache-pied. «À 40 ans, se souvient-elle près de 15 ans plus tard, ç’a été un vrai défi!»

Aujourd’hui, dans un français dont elle s’excuse malgré son intelligibilité, c’est avec la tête haute que Merling évoque le parcours qui l’a menée à son emploi actuel chez Bombardier. Dès son arrivée au Québec, elle s’implique bénévolement, notamment auprès de la Conférence régionale des élus et de la Chambre de commerce. Façon de redonner au pays qui l’accueille, mais aussi de tisser un réseau et de comprendre ce qu’elle a à faire pour s’intégrer. «J’ai fait appel aux services d’un psychologue et consultant; c’était un investissement pour acquérir une meilleure connaissance de moi-même et comprendre ce ce que je pouvais améliorer.» C’est lui qui, quelque temps plus tard, enverra son CV chez Bombardier.

Merling dirige le Centre d’apprentissage et d’amélioration continue des technologies de l’information depuis 10 ans. Elle affectionne particulièrement les programmes Passion naissante et Passion pour l’aviation, qui visent à éveiller la vocation pour l’aéronautique chez les jeunes Québécois. C’est dans le cadre d’une formation universitaire sur la responsabilité sociale des entreprises que l’idée germe. Convaincue de sa pertinence, elle ne se laisse abattre par aucun doute, aucune résistance, et «vend» le concept aux commissions scolaires et à Aéro Montréal.

C’est sur cette force de conviction que Merling s’appuie. «N’arrête jamais d’apprendre et de croire, n’écoute pas ceux qui te disent que tu n’y arriveras pas, ne sous-estimes pas tes compétences, prends des risques, vise l’excellence dans tout ce que tu entreprends: voilà ce que je veux dire à ceux qui arrivent ici.»

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