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La grande séduction

Photo: Josie Desmarais/Métro

Une fois par mois, Métro propose, en collaboration avec le projet Alliés Montréal de la Conférence régionale des élus de Mont­réal (CRÉ), des portraits inspirants de Montréalais issus de l’immigration qui témoignent de leurs parcours et de leurs succès.

«J’étais très bien dans ma vie, sauf professionnellement.» C’est ça, joint à une grande curiosité, qui a poussé Élodie Danon hors de France. Pour le travail comme pour le reste, Montréal l’a séduite, et elle en a fait son chez-soi.

Comme beaucoup d’autres personnes arrivées en plein mois de novembre, elle affiche un petit sourire entendu à l’évocation de ce souvenir. Un peu comme une façon d’insinuer qu’il faut vraiment vouloir pour rester malgré la morsure du premier hiver.

Au sortir de l’université, à Lyon, maîtrise de droit avec spécialisation en ressources humaines en poche, Élodie enchaîne quelques emplois, sans jamais s’y sentir tout à fait à sa place. «Dans mes démarches de recherche de travail, il y avait toujours une barrière. Trop ou pas assez diplômée, trop jeune…» Son conjoint, qui a eu la piqûre de la vie à l’étranger en faisant une partie de ses études loin de chez lui, la convainc d’explorer d’autres horizons. «Il voulait me montrer à quel point vivre à l’étranger apporte une ouverture sur le monde.»

Bagages bouclés et permis de vacances-travail en main, Élodie atterrit au Québec en 2006. «On m’avait dit “Dès que tu arriveras, il faudra que tu travailles tout de suite, peu importe dans quel domaine.” Et je l’ai vérifié!» À partir du moment où elle peut ajouter à son CV un emploi chez Première Moisson au service à la clientèle, le téléphone sonne. «La fameuse première expérience canadienne tant valorisée par les employeurs, c’est une réalité. Ils y voient une capacité à s’intégrer.» Très vite, elle décroche un poste de recruteur au sein d’une agence de placement. Un premier contrat de six mois qui lui permet de se familiariser avec la culture professionnelle québécoise.

Entre cette expérience et son poste actuel chez CGI, Élodie Danon passe par deux autres entreprises, toujours en ressources humaines. Parmi elles, SNC-Lavalin. «Un aboutissement: je voulais travailler dans un fleuron de l’industrie québécoise, découvrir les coulisses d’un grand groupe.» Reconnaissante de la confiance qu’on lui témoigne partout où elle passe en lui donnant toujours plus de responsabilités, elle savoure son avancement. «Je ne suis pas sûre du tout que j’aurais évolué de la même façon ailleurs qu’ici. On m’a poussée à me faire ma place et à me dépasser, tout en me donnant les outils nécessaires. Ça fait partie de la culture professionnelle du Québec.»

Quand, après une parenthèse de 15 mois sac au dos autour du monde, entre voyage et volontariat, elle revient à Montréal, on porte un regard curieux et intéressé sur cette absence. «Personne ne m’a dit “Comment penses-tu pouvoir raccrocher avec le monde du travail?” Tout le monde voyait ça comme une expérience formatrice, un atout à mon CV.»

Les années ont passé, et, comme beaucoup d’autres personnes venues «pour voir», Élodie est restée. Aujourd’hui, c’est en France qu’elle se sent touriste. Son port d’attache restera Montréal. Malgré la «petite cicatrice au fond du cœur de tout immigrant». Attachée à ses racines autant qu’à sa terre d’accueil, elle voit sa double identité comme une richesse.

L’émission de Radio-Canada International Tam-tam Canada a produit une version radio de ce reportage. Réalisée par la journaliste Anne-Marie Yvon, cette émission est disponible sur le site de RCI.

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