Soutenez

Acheter un test de dépistage des ITSS sur l’internet

Des compagnies vendent sur l’internet des tests de dépistage des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) à faire soi-même à la maison. Comment fonctionnent-ils? Sont-ils recommandables? Métro fait le point.

Au moins deux compagnies offrent au Canada des tests de dépistage de certaines ITSS et du virus du papillome humain (VPH) à commander en ligne. Une fois le test acheté, le client le reçoit par la poste, effectue lui-même les prélèvements nécessaires, le retourne par la poste et est informé de ses résultats par voie électronique.

«Le but est d’offrir un meilleur accès au dépistage, a fait valoir le président et fondateur de Letsgetchecked, Peter Foley. Notre atout, c’est que c’est plus commode [que d’aller en clinique].»

Cette compagnie, basée en Irlande, a étendu depuis quelques mois ses activités au Canada. Elle propose plusieurs choix de tests, dont un pour la chlamydia et la gonorrhée, un plus complet qui inclut le VIH et la syphilis et un pour le VPH. Le service est offert en anglais. Les infections bactériennes sont détectées à l’aide d’un échantillon d’urine, les infections virales avec un échantillon sanguin, et le test de VPH, un échantillon vaginal.

Dans le cas d’un résultat positif, le client reçoit l’appel d’une infirmière de l’équipe de Letsgetchecked, qui lui explique les résultats et les options de traitement, détaille M. Foley. «S’il s’agit d’une infection bactérienne comme la chlamydia, nous fournissons une prescription», ajoute-t-il.

Plus près d’ici, Eve Medical, qui est basée à Toronto, offre aux femmes des tests, appelés EveKits, pour détecter le VPH. Pour ce faire, la compagnie a développé un appareil qui permet de collecter facilement des échantillons vaginaux. «Nos recherches nous ont appris qu’une femme sur trois n’effectuait pas ce test de façon régulière, avance la cofondatrice et directrice générale d’Eve Medical, Jessica Ching. Notre but est d’augmenter l’accès au dépistage pour celles qui ne peuvent pas se rendre en clinique facilement ou qui ne souhaitent pas s’y rendre.»

Une fois le test effectué, le dossier de la patiente qui s’est procuré un Evekit est remis à un médecin, qui pourra faire un suivi par téléphone. En cas de résultat positif, le dossier de la patiente peut être transmis à son médecin de famille ou une liste de ressources potentielles lui est acheminée.

Eve Medical souhaite se développer et offrir un plus large éventail de tests dans le futur, à commencer par des tests de dépistage de la chlamydia et de la gonorrhée qui seront en vente d’ici la fin de l’année, a confirmé Mme Ching. Pour l’instant, le site web d’Eve Medical n’est qu’en anglais, mais une version française est en préparation et des médecins francophones sont disponibles pour faire les suivis au téléphone.

«On est rendus là»
Pour le Dr Marc Steben, directeur de la Clinique A, une clinique spécialisée en santé sexuelle située dans le Vieux-Montréal, ces tests sont «une bonne idée» et sont devenus presque incontournables. «C’est une ouverture. On est rendus là. Les gens veulent avoir le contrôle sur leur santé», dit-il.

Le Dr Steben ajoute que ces tests maison sont appelés à devenir de plus en plus communs, «que ce soit pour le diabète, le cholestérol ou pour les personnes qui prennent des médicaments anticoagulants», par exemple.

Les tests maison donnent un accès au dépistage à des personnes qui ne veulent pas se rendre en clinique, «soit à cause d’une mauvaise expérience dans le système de santé, soit à cause de raisons culturelles ou d’une stigmatisation appréhendée», nuance le directeur de la Clinique A.

Il émet toutefois quelques réserves. «Il faut être conscient qu’on ne sait pas trop ce qu’on achète pour l’instant, souligne-t-il. On n’a aucune idée de la stabilité des kits. Il y a définitivement des risques que ça soit mal utilisé ou que les mauvais kits soient vendus.»

Jessica Ching précise qu’avant de pouvoir acheter un Evekit, les femmes doivent remplir un questionnaire pour s’assurer que le produit peut leur être utile. «Si elles ont déjà des symptômes, par exemple, nous leur recommandons 
d’aller voir un médecin et elles ne pourront pas conclure la transaction pour acheter le test», rapporte Mme Ching.

«Ce n’est pas juste de rendre des kits disponibles qui est important. Il y a tout un environnement à respecter.» –Dr Marc Steben, directeur de la Clinique A

Avantages de la clinique
Tant le Dr Steben que le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) croient que les tests en clinique sont préférables. Le ministère insiste là-dessus, même dans un contexte où les cas d’ITSS grimpent, tel que l’indiquait le Rapport du directeur national de santé publique 2016, alors que les cas déclarés de gonorrhée et la chlamydiose génitale ont augmenté de 90% et de 41%, respectivement, de 2010 à 2015.

Certains facteurs ne peuvent pas être contrôlés avec ces tests maison, comme la «préservation des échantillons pendant le transport vers les laboratoires ou la période où le test est effectué, qui peut être trop hâtive avant que le virus ou l’infection ne soit détectable, explique Marie-Claude Lacasse, du MSSS. Le ministère rappelle aussi que les tests de dépistage effectués dans le réseau de la santé sont gratuits et que la consultation avec un médecin «permet d’assurer que les bons tests soient offerts» ou d’informer le public sur les moyens de prévention de ces maladies.

Dans les cas de VIH, de syphilis ou d’hépatites, le Dr Steben précise que les personnes qui se présenteraient à la clinique pour le suivi après un test maison devraient passer d’autres tests pour évaluer leur état.

La question du suivi médical, même en cas de résultats négatifs, est aussi abordée par le ministère et le Dr Steben. «Il faut un mécanisme qui lie les gens aux services de santé, insiste le directeur de la Clinque A. Quand t’es négatif, t’es chanceux, mais ça ne veut pas dire que tu peux continuer d’avoir des comportements à risque.»

Un accès difficile
Eve Medical reconnaît que ses tests ne sont pas accessibles à tous, notamment en raison des frais exigés. Afin de 
réduire ces écarts, la compagnie fait affaire à Toronto avec The 519, un organisme dédié à la santé des personnes LGBTQ. «Plusieurs hommes trans font face à de la discrimination dans le milieu de 
la santé, ou ils ne se sentent pas à l’aise de demander à passer ces tests. Certains de nos kits sont donnés à des groupes qui soutiennent ces personnes», souligne la directrice générale de Eve Medical, Jessica Ching.

Exemples de prix

Letsgetchecked

  • Test pour la Chlamydia 
et la gonorrhée: 120$
  • VPH: 125$
  • Chlamydia, gonorrhée, 
VIH, syphilis et 
trichomonas: 190$

Eve Medical

  • Chlamydia et gonorrhée: 85$ (en vente prochainement)
  • VPH: 110$ * Seuls tests disponibles pour cette compagnie

Clinique A

  • Chlamydia et gonorrhée: 125$
  • VPH: 135$
  • Chlamydia, gonorrhée, 
VIH, syphilis et 
trichomonas: 327$

Réseau santé

  • Gratuit

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.