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Cartagène: des maladies chroniques sans le savoir

MONTRÉAL – Une proportion «inquiétante» de Québécois souffre de maladies chroniques sans le savoir, comme de l’insuffisance rénale chronique légère à modérée, de l’hypertension ou de l’hypercholestérolémie, révèle Cartagène.

Cartagène est un vaste projet de banque d’échantillons et d’informations biologiques sur la santé des Québécois, qui permet de suivre des cohortes au fil des ans. Pour la première phase seulement, les données concernant 20 000 personnes ont été colligées.

«On sait par exemple que beaucoup de gens sont atteints de certains troubles chroniques et ne le savent pas», a souligné en entrevue Catherine Boileau, épidémiologiste pour Cartagène.

À ce jour, les chercheurs ont pu faire des constats qu’ils qualifient d’inquiétants, comme le fait que près de 90 pour cent des personnes atteintes d’une insuffisance rénale légère à modérée l’ignoreraient. «Ce sont des gens qui font de l’insuffisance légère, qui commence. C’est quelque chose qui pourrait potentiellement être réversible, mais qui n’est pas traité, et qui, si ce n’est pas changé, peut mener à la dialyse», relate l’épidémiologiste.

De même, une personne sur deux serait atteinte d’hypercholestérolémie — taux de cholestérol sanguin trop élevé — sans le savoir.

«Dans notre cohorte, comme dans la population du Québec, il y a beaucoup de personnes qui sont obèses, une sur quatre. Et beaucoup de personnes sont atteintes de plus d’une maladie chronique, de deux ou de trois maladies», relève-t-elle.

Autre recrutement

L’équipe de Cartagène veut recruter 17 000 autres Québécois pour mieux nantir sa banque de données. Il doit s’agir d’hommes ou de femmes âgés de 40 à 69 ans, demeurant à Montréal, Québec, Saguenay, Gatineau, Sherbrooke ou Trois-Rivières, pour faciliter le suivi des cohortes.

En entrevue, la directrice générale de Cartagène, Alexandra Obadia, a tenu à rassurer les gens qui pourraient craindre pour la protection de ce type de renseignements personnels.

«Les renseignements nominatifs des participants — leur adresse, leurs coordonnées, numéros de téléphone — tout ça est séparé des informations qu’on collecte sur leur santé. Il n’y a pas moyen de faire une corrélation. Les informations nominatives sont conservées par la Régie de l’assurance-maladie du Québec pour le moment et seront sous peu transférées à une unité qui est complètement indépendante de Cartagène. Cartagène n’a jamais, jamais accès à ces informations», assure Mme Obadia.

«On ne peut pas faire le lien entre les résultats qu’on a obtenus et une personne spécifique», ajoute-t-elle.

Elle souligne que cette procédure a été adoptée «pour protéger les participants envers leur compagnie d’assurances, envers leur employeur», en plus d’assurer la confidentialité des informations et leur sécurité.

Avec les 17 000 personnes que Cartagène veut recruter, l’équipe veut explorer d’autres pistes pour avoir davantage de données cliniques, notamment sur les maladies moins connues, les maladies génétiques, dégénératives, neurologiques, et des conditions comme le syndrome d’impatience musculaire.

Et à ceux qui seraient tentés de participer mais hésiteraient encore, Mme Obadia lance le message suivant: «c’est un geste purement altruiste et c’est un geste qu’on pose pour nos enfants et pour nos petits-enfants et les générations futures; c’est un geste qu’on pose pour faciliter la recherche et faciliter également le dépistage dans le système de santé et également pour les mesures, en termes de santé publique, qui pourraient être adoptées pour prévenir les maladies, plutôt que d’intervenir juste au moment de les guérir».

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