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Don de sang: vers des dons d’homosexuels?

MONTRÉAL – Dans la foulée d’une récente annonce de Washington, qui réévalue sa directive interdisant aux homosexuels de donner du sang, un militant pour les droits des gais au Québec considère que Santé Canada devrait suivre la tendance internationale.

Depuis les années 1980, les États-Unis n’acceptent aucun don de sang des homosexuels et bisexuels.

Au Canada, l’interdiction complète est passée en 2013 à une exigence de cinq ans d’abstinence sexuelle pour pouvoir donner du sang à Héma-Québec ou à la Société canadienne du sang.

L’ancien président de Gai écoute et de la Fondation Émergence, Laurent McCutcheon, indique que la tendance actuelle à travers le monde est de ramener l’exigence à un an d’abstinence pour accepter le sang de donneurs homosexuels.

M. McCutcheon considère que c’est «un pas dans la bonne direction», mais que même cette année d’exclusion devra être remise en question, car les études sur lesquelles cette directive est basée sont désuètes.

Il ne considère toutefois pas la règle comme de la discrimination, contrairement à Éric Pineault, président de Fierté Montréal. Pour lui, exclure ainsi les homosexuels revient à «se mettre à dos» un bassin important de donneurs potentiels.

«C’est complètement discriminatoire, et c’est comme si on ne pouvait pas faire confiance à nos propres tests médicaux», soulève-t-il, une position que M. McCutcheon soutient.

Car chaque don de sang passe par deux barrières: d’abord un questionnaire exhaustif rempli par le donneur, puis des tests de dépistage de toutes sortes, auxquels chaque échantillon de sang est soumis. Devrait-il contenir des pathogènes, comme le VIH, qu’il serait aussitôt écarté.

«On sait qu’il y a des tests fiables, chaque don de sang est testé, donc il n’y a plus trop de raison de maintenir» (l’exclusion), soutient l’ancien président de Gai écoute. «La justification qu’on nous donne pour maintenir le critère d’exclusion, c’est que les groupes de receveurs sont inquiets, au cas où de nouvelles infections opportunistes se manifesteraient. C’est un peu le fondement de l’interdiction, et sur le plan épidémiologique, je pense que ça ne tient pas vraiment.»

Ces groupes de receveurs participent d’ailleurs au mécanisme de décision. Car si l’aval final revient à Santé Canada, plusieurs consultations doivent être faites.

Le porte-parole d’Héma-Québec, Laurent Paul Ménard, admet que le groupe serait «à l’aise» avec le fait de réduire à un an la période d’exclusion, mais insiste sur le fait qu’Héma-Québec n’est qu’un des intervenants impliqués dans une telle démarche. Car il faudrait d’abord et avant tout déposer une demande officielle à Santé Canada, ce qui n’a pas été fait et qui n’est pas dans les plans de la société pour les mois à venir.

«Si Héma-Québec et la Société canadienne du sang sont d’accord, j’imagine que Santé Canada, devant ce qui se dessine ailleurs dans le monde, devra faire la même chose», conclut Laurent McCutcheon.

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