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Deux expériences pour la journée sans Facebook: Expérience #1

Photo: Yves Provencher/Métro

Plusieurs activistes sur l’internet ont déclaré le 28 février Journée mondiale sans Facebook. Cet événement, qui n’a pas de but clairement annoncé, mais qui semble vouloir forcer les usagers de ce site à prendre conscience de leur deuxième vie sur leur profil Facebook, existe depuis au moins 2011. Métro en a profité cette année pour mener deux petites expériences (non scientifiques) afin de mettre en lumière l’importance de ce réseau social dans la vie de toutes sortes de gens.
Lisez l’expérience #2 ici.

Expérience #1. Un questionnaire à une classe de 4e secondaire

Métro a visité une classe de 4e secondaire de l’Académie Roberval, dans Villeray, et a demandé aux élèves de répondre par écrit à 14 questions portant sur divers aspects de leur utilisation de Facebook. (Le questionnaire complet, ainsi que les résultats, sont disponibles à la fin de cet article.)

Une discussion libre sur Facebook a ensuite eu lieu avec les élèves.

Pour analyser les résultats, Métro a fait appel à André Mondoux, du Groupe de recherche sur l’information et la surveillance au quotidien (GRISQ), qui est aussi professeur à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal.

Si un échantillon de 25 élèves dans une seule école secondaire ne permet pas de tirer des conclusions pour l’ensemble des jeunes Québécois, M. Mondoux juge que l’expérience, «un petit coup de sonde», «soulève de bonnes questions».

Facebook, important pour les jeunes?
À une exception près, tous les élèves de la classe ont affirmé posséder un profil Facebook, et tous ont avoué con­sulter le site de temps à autre.

«Je n’utilise pas Facebook pour aller sur Facebook, je l’utilise seulement pour les messages, explique Rania. Mais je n’ai même pas l’application Facebook, juste l’application Messenger (NDLR: une application de clavardage sur Facebook) [sur téléphone mobile].»

«Est-ce que c’est à peu près la même chose pour tout le monde?» demande-t-on à la classe, qui acquiesce en chœur.

M. Mondoux n’est pas tout à fait convaincu du manque d’intérêt des jeunes pour Facebook. «C’est peut-être parce que Facebook est banalisé. Peut-être qu’ils ne s’en rendent même plus compte, estime le chercheur. Si je vous demandais combien d’heures vous conduisez par semaine, il faudrait que vous y réfléchissiez. Par contre, si vous étiez mon arrière-grand-père qui vient d’acheter son premier Ford modèle T, vous le sauriez très précisément.»

Histoire de pubs…
Pas moins de 92% des élèves sondés sont conscients que les compagnies tentent de leur vendre des choses sur Facebook, et 100% comprennent que leurs actions sur le site déterminent les publicités qui apparaîtront sur leur profil. Lorsqu’on leur montre une photo d’une vraie publicité, 88% d’entre eux l’identifient comme telle.

Par contre, lorsqu’on leur montre une photo d’une suggestion de page Facebook commanditée (photo), seuls 56% y voient un effort publicitaire.

Selon M. Mondoux, c’est là la preuve que les nouvelles tactiques des annonceurs fonctionnent. «Les corporations deviennent des amies, des individus, elles parlent, et on dit que c’est une conversation alors qu’en fait c’est de la pub traditionnelle, juge-t-il. C’est une pub qui dit, “moi, je suis juste un autre de tes amis”.»

… et de surveillance
Les élèves sondés semblent comprendre que ce qu’ils font sur Facebook est exposé au regard de tous, et que cela peut avoir des conséquences. La totalité d’entre eux affirme qu’on ne devrait pas se chicaner en public sur le profil d’un ami, et 92% ne partageraient pas une photo embarrassante d’un ami.

Par contre, 24% d’entre eux ne croient pas que ce qu’ils font sur d’autres sites peut affecter ce qu’ils voient sur Facebook, et 52% ne savent pas que, si on ne se déconnecte pas de son profil, Facebook peut continuer à enregistrer ce qu’on fait sur d’autres sites.

M. Mondoux estime que très peu de gens dans la population en général, et encore moins les jeunes, savent précisément quelles données sont colligées par Facebook.

Facebook et méfiance
Les jeunes semblent réticents à publier de l’information personnelle sur leur profil Facebook (voir encadré).

M. Mondoux ne croit pas que les élèves soient si réticents que cela à publier de l’information personnelle, puisque tout dépend de la définition qu’on en donne. «Il y a 30 ans, dire où je suis ou qui sont mes amis, ça aurait été considéré comme de l’information personnelle. Et là ce ne l’est plus. Il faut faire une nuance», lance-t-il.

Par contre, il avoue qu’il est possible que la sensibilisation des jeunes aux dangers présents sur l’internet ait porté fruit. «Ça soulève la possibilité que les débats entourant les médias sociaux commencent à influencer les nouveaux usagers», affirme-t-il.

Facebook: le questionnaire aux élèves

25 élèves au total.

Bouton-vert_01J’ai un profil Facebook.

Oui : 96%
Non : 4%

Bouton-vert_02J’utilise les réseaux sociaux suivants. Coche, même si tu n’as pas le compte, mais que tu consultes ces réseaux.
Facebook: 100%
Twitter: 40%
Snapchat: 68%
Instagram: 68%
Pinterest: 0%
Tumblr: 32%
Autre: 20%

Bouton-vert_03Quand j’écris un message sur mon profil Facebook, qui peut le lire?
Mes amis: 68%
Mes amis et leurs amis: 8%
Tout le monde: 20%
Autre: 4%

Bouton-vert_04Quand je clique «J’aime» sur une photo Facebook d’un(e) ami(e), qui peut le voir?
Mes amis: 28%
Mes amis et leurs amis: 16%
Tout le monde: 48%
Autre: 8%

Bouton-vert_05Sur mon profil Facebook, je devrais indiquer:

Mon vrai nom
Oui: 100%
Non: 0%
Ma date de fête
Oui: 76
Non: 24%
Mon numéro de téléphone
Oui: 12%
Non: 88%
Mon adresse
Oui: 0%
Non: 100%
Si j’ai un chum ou une blonde
Oui: 36%
Non: 56%
Sans objet: 8%
Le nom de mes frères, sœurs, parents
Oui: 20%
Non: 80%
Des photos personnelles de moi et mes amis
Oui: 56%
Non: 44%
Mes sentiments, mes états d’âme
Oui: 8%
Non: 92%

Bouton-vert_06Si je suis en voyage, devrais-le dire sur Facebook et indiquer l’endroit où je me trouve?

Oui: 24%
Non: 72%
Sans objet: 4%

Bouton-vert_07Si je suis fâché contre un(e) ami(e), est-ce que je devrais écrire un message sur son profil Facebook pour le lui dire?

Oui: 0%
Non: 100%

Bouton-vert_08Un(e) ami(e) publie une photo embarrassante de lui-même (elle-même) sur son profil Facebook, est-ce que je devrais la partager?

Oui: 8%
Non: 92%

Bouton-vert_09Les entreprises essaient de me vendre des trucs sur Facebook.
Vrai: 92%
Faux: 8%
Quand je clique «J’aime», je divulgue des informations sur moi.
Vrai: 80%
Faux: 20%
Je peux contrôler qui a le droit de voir ce que je publie sur mon profil Facebook.
Vrai: 80%
Faux: 16%
Sans objet: 4%
Facebook peut savoir où je me trouve si je l’utilise sur mon téléphone intelligent.
Vrai: 92%
Faux: 8%
Dans quelques années, un employeur pourrait voir ce que j’ai publié sur Facebook quand j’avais 15 ans.
Vrai: 100%
Faux: 0%

Bouton-vert_10Ceci est une publicité.

Vrai: 56%
Faux: 44%
Exemple-publicite-Facebook

Bouton-vert_11Ceci est une publicité.

Vrai: 88%
Faux: 22%
Exemples-publicite-Facebook

Bouton-vert_12Les informations que je mets sur mon profil Facebook déterminent quelle pub je vais voir sur Facebook.

Vrai: 100%
Faux: 0%

Bouton-vert_13Ce que je fais sur d’autres sites peut affecter ce que je vois sur Facebook.

Vrai: 76%
Faux: 24%

Bouton-vert_14 Si je ne me déconnecte pas de mon compte, Facebook peut enregistrer ce que je fais sur d’autres sites.

Vrai: 48%
Faux: 52%

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