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Ouigi Theodore et le choc des styles

Photo: Tom Van Schelven/Collaboration spéciale

Le fondateur de la griffe The Brooklyn Circus explique pourquoi il souhaite un changement d’attitude face à ce qu’il appelle l’uniforme américain: la combinaison jeans portés bas et baskets.

Ouigi Theodore, le fondateur de la marque de prêt-à-porter The Brooklyn Circus, est un homme en mission. Ce qui a commencé comme une initiative destinée à inciter les Américains à abandonner la mode des jeans portés bas et des baskets est passé des rues de Brooklyn aux capitales de la mode. Ce succès s’explique autant par le charisme du sémillant designer, surnommé par plusieurs «le barbu», que par les médias sociaux, qui permettent la diffusion rapide des tendances partout dans le monde.

Ce phénomène, l’homme de 38 ans l’appelle le «village planétaire». Et l’idée qui est au cœur de la griffe BKc – l’expression moderne de la confection traditionnelle et de l’habillement à l’ancienne – est issue du melting-pot qui caractérise l’histoire et la culture américaines. Ouigi Theodore s’est assis avec Métro pour évoquer son grand plan de 100 ans et approfondir le sens de l’attitude hipster.

Vous êtes très soigné. Combien de temps vous faut-il le matin pour vous préparer?
Je suis un gars d’uniforme, donc ça me prend moins de temps que vous pourriez le croire. (Rires) Aussi curieux que cela puisse paraître, je peux porter le même truc durant des semaines – je modifie simplement un peu l’ensemble en enfilant un gilet, en ajoutant un accessoire ou alors en changeant de chapeau.

Cela fait quelque temps que la barbe est populaire auprès des hipsters, et vous en arborez une bien fournie depuis des années. Comment définiriez-vous le terme «hipster»?
J’ai découvert récemment que ce terme désignait autrefois – c’est-à-dire dans les années 1940, durant la grande époque du jazz – des hommes blancs qui essayaient de se comporter comme des Noirs et d’être des musiciens de jazz cool.

Je l’apprends. Parlant de style culturel, pourquoi voulez-vous changer le code vestimentaire américain?
La culture américaine est considérée comme celle du style hyper informel. Comme si on portait tous les jours des pantalons de jogging et des baskets! Mais pour moi, qui suis originaire d’Haïti et des Caraïbes, il faut qu’il y ait un équilibre. Nous sommes arrivés aux États-Unis avec une certaine discipline, une discipline personnelle et vestimentaire, et j’ai marié cela, en quelque sorte, à mon expérience. Je propose un équilibre en ajoutant la confection et le style informel aux vêtements de sport américains.

Vous poursuivez un plan de 100 ans. Où en êtes-vous dans le changement que vous tentez d’opérer sur le plan du style aux États-Unis?
J’observe des poches de changement à l’international. Ce n’est pas seulement aux États-Unis, puisqu’il y a l’internet. Il est incroyable de voir une chose que vous croyez être un phénomène local être adoptée ailleurs dans le monde.

Est-ce que les médias sociaux vous aident à diffuser votre message?
Absolument. Les médias sociaux sont la communication. Je crois que les gens les considèrent parfois un peu trop comme une source de divertissement, alors que la réalité est que l’aspect communication prime sur le divertissement. Les gens s’en servent évidemment pour se tenir au courant et écrire LOL dans des messages, mais il y a aussi beaucoup d’information qui est diffusée grâce aux réseaux.

«La culture américaine est considérée comme celle du style hyper informel. Comme si on portait tous les jours des pantalons de jogging et des baskets! Mais pour moi, qui suis originaire d’Haïti et des Caraïbes, il faut qu’il y ait un équilibre.» – Ouigi Theodore, fondateur de la marque de prêt-à-porter The Brooklyn Circus

Pourquoi les Japonais sont-ils aussi souvent les premiers à découvrir les nouvelles tendances?
Les Japonais ont une façon particulière de comprendre et de débusquer ce qui est nouveau. Ils vivent dans une société où la compétition est si féroce qu’ils sont obligés de se démener et de trouver ce qui sera la prochaine grande mode. Ils aiment la culture et tout ce qui a une âme.

Partagez-vous le sentiment d’urgence des Japonais, ou l’enjeu est-il plutôt pour vous la longévité de la marque?
La longévité. Je veux pouvoir entrer dans une boutique vintage dans 40, 50 ans et voir nos produits. C’est un cycle: nous achetons beaucoup de choses vintage et nous nous en inspirons pour concevoir des vêtements. Nous devons créer des choses qui deviendront le vintage de demain.

Ouigi Theodore

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