La forêt verticale à la rescousse des villes
Les villes, des jungles urbaines faites de béton, de béton et encore de béton? Pas tout à fait. À Milan, la première forêt verticale prend forme. À l’avenir, ces Mecque vertes pourraient littéralement sauver les villes, en les embellissant bien sûr, mais aussi en les purifiant.
La Bosco vertical (forêt verticale) de Milan, ce sont deux tours à appartements de 27 étages chacune, dont tous les étages sont dotés d’arbres et d’arbustes. Au total, les deux tours abriteront l’équivalent de 10 000 m2 de forêt!
Bosco vertical est encore le seul projet du genre en chantier, mais il pourrait faire des petits. «Les murs végétaux et les toits verts sont très populaires partout sur la planète, note Stephan Barthel, un spécialiste des écosystèmes urbains au Stockholm Resilience Centre. Cette tendance est une réponse parfaite à l’urbanisation qu’on remarque partout. D’ici 40 ans, il faudra qu’il y ait de la place pour 3 milliards de citadins. Pour la première fois de l’histoire, les êtres humains sont en majorité des « êtres urbains ». Il faut donc faire venir la nature en ville», explique le chercheur.
Les forêts verticales n’apporteront pas que des avantages aux résidants des deux tours, mais à toute la ville. «Les arbres améliorent la qualité de l’air en absorbant les polluants et le dioxyde de carbone, indique M. Barthel. Tout ça allégera le bilan des maladies respiratoires comme l’asthme, par exemple. Les arbres aident aussi à réduire le bruit ambiant et à abaisser la température, poursuit-il. De plus, dépendamment du type d’arbre utilisé, on favorise la biodiversité des villes.»
De tels projets pourraient aussi régler des problèmes d’approvisionnement en nourriture. Certains arbres et arbustes seront en effet cultivés pour fournir des fruits et des légumes aux résidants. L’eau de pluie sera aussi récupérée pour arroser la forêt.
Bien sûr, ce ne sont pas tous les types d’arbres – et d’animaux – qui peuvent survivre à une telle altitude et dans un si petit espace. «On trouvera des champignons, des plantes, des insectes, mais pas tout l’éventail de la faune et de la flore qu’on trouve en forêt», raconte Michel Pimbert, directeur des recherches en agriculture à l’International Institute for Environment and Development. Par exemple, certains arbres sont éliminés d’office puisque leurs racines trop longues abîmeraient les bâtiments.
Malgré ces légers bémols, les villes reluquent avec intérêt en direction de Milan. «Les forêts verticales pourraient bien représenter l’avenir de nos villes, note M. Pimbert. Elles régénèrent des environnements qui sont devenus moribonds.»
Préjugés tenaces
Le géant du courrier Fedex souhaite compenser ses émissions de gaz à effet de serre en créant un nouveau toit vivant sur son centre de tri de Chicago. Partout sur la planète, les toits végétaux se multiplient.
En plus d’arbustes et de légumes qui poussent un peu partout, des ruches et des cabanes d’oiseaux se greffent au paysage urbain.
«Construire un mur végétalisé comporte des défis, dit Stephan Barthel, du Stockholm Resilience Centre. Et il existe encore des préjugés tenaces. Les gens croient que les arbres vont endommager leur maison. Mais plusieurs murs sont couverts de végétaux depuis des siècles!»
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Les ancêtres de la forêt verticale
- Le jardin vertical de CapitaLand, à Singapore
Le designer Patrick Blanc se spécialise dans les murs végétaux. Son œuvre à Singapour décore les bureaux du géant de l’immobilier CapitaLand. - Le jardin sur le toit de Phyto Universe, à New York
Le bâtiment du magasin Phyto Universe comporte un jardin vertical de 280 mètres carrés. L’endroit compte quelque 9 000 plantes.
- Le mur vivant de Caixa Forum, à Madrid
La galerie d’art espagnole est située tout près du Jardin botanique de Madrid. Lors de sa rénovation en 2008, Patrick Blanc a conçu ce mur végétal vertical.
- ÂLa Tower-Flower d’Édouard François, à Paris
Cette tour de 30 appartements comprend une «jungle de végétation», comme l’a indiqué un critique. Édouard François travaille aussi à un projet de forêt verticale qui devrait être complété en 2014.
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Willy Maas: repenser l’espace
Métro s’est entretenu avec Willy Maas, architecte de la firme néerlandaise MVRDV, qui se spécialise dans les murs végétaux et les jardins verticaux.
Pourquoi les villes ont-elles besoin de murs végétaux et de forêts verticales?
En créant des forêts, des jardins ou des parcs sur les balcons et les toits, on utilise l’espace urbain de façon plus efficace. Et puis nous rendons aux oiseaux et aux autres animaux un espace où vivre en ville. Les forêts aident aussi à contrer le réchauffeÂment climatique.
Quelles sont les vertus pour la population?
Nous voulons vivre en ville… mais aussi dans la nature. La forêt verticale est une façon simple d’aider l’environnement. Il est facile d’ajouter des projets de jardins aux nouveaux bâtiments. Dans un monde idéal, ils seraient vastes, ce qui donnerait aux gens l’impression d’être dans la nature.
Quels arbres sont les mieux adaptés aux forêts verticales?
Plus l’arbre est sec, mieux c’est. Le genévrier et le pin sont d’excellents candidats. De plus, ces essences ne cassent pas sous l’effet du vent.