Le projet de la ligne rose du métro de Montréal pourrait avoir «franchi des étapes» d’ici aux prochaines élections municipales alors que cette promesse électorale fait actuellement l’objet de plusieurs études.
«Je m’attends à ce que, d’ici aux prochaines élections, tant municipales que provinciales, on ait déjà franchi des étapes […] On se colle à la procédure des grands projets du gouvernement provincial», a indiqué à Métro le directeur du bureau de projet de la ligne rose, en poste depuis quelques semaines, David Therrien.
Actuellement, cette idée chère à la mairesse de Montréal, Valérie Plante, en est encore à l’étape de la rédaction d’une fiche d’avant-projet. M. Therrien se montre toutefois confiant que l’équipe qu’il chapeaute sera en mesure de convaincre le gouvernement Legault d’accepter de financer la réalisation des études nécessaires à la réalisation d’un dossier d’opportunité. Ce document comprendrait notamment une estimation réaliste des coûts du projet ainsi que le mode de réalisation envisagé, qu’il soit public ou en partenariat public-privé.
«En ce moment, les travaux sont autour de cette fiche d’avant-projet là, qui va permettre le passage à la prochaine étape. Et ça, c’est quelque chose qu’on devrait pouvoir réaliser prochainement. Il y a déjà des discussions en cours», a confié M. Therrien, qui s’est fait offrir par la Ville un salaire annuel pouvant atteindre 173 000$ pour ce poste.
«Réalisation accélérée»
Personnalité méconnue du grand public, l’ingénieur de formation de 47 ans est derrière la participation de la Ville dans de nombreux projets de transport en commun et d’infrastructures routières. Il a entre autres pris part dans les dernières années à la planification du Réseau express métropolitain (REM) de même qu’à celle du nouveau pont Champlain.
Alors que le prolongement de la ligne bleue du métro jusqu’à Anjou est prévu pour 2026, soit plus de 30 ans après avoir été annoncé pour la première fois, David Therrien se montre confiant de «voir la ligne rose avant [sa] retraite».
«Je pense qu’il y a certains projets pour lesquels on trouve des modes de réalisation accélérée. Le REM en est un exemple. Il y a à peine quelques années, on n’en parlait pas de ce projet-là alors qu’on est dedans en ce moment», a-t-il souligné au sujet du réseau de train léger de 67 kilomètres de la Caisse de dépôt, dont l’entrée en fonction complète est prévue d’ici à la fin de 2023.
David Therrien a d’ailleurs souligné que «différentes avenues» pourraient être explorées quant au financement de ce projet de transport en commun, ouvrant ainsi la porte à la possibilité que des partenaires privés puissent y participer.
«Puisqu’on est au début [du projet], on peut se permettre de dire que tout est sur la table», a-t-il ajouté.
Un réseau saturé
En campagne électorale, Projet Montréal avait détaillé son projet comme étant une ligne de métro diagonale de près de 30 kilomètres qui relierait Montréal-Nord à Lachine en passant par les quartiers centraux et le centre-ville.
«La ligne rose, de la manière dont elle est localisée, a un très fort potentiel d’achalandage. Elle traverse des quartiers très denses avec des points d’intérêt à relier», a indiqué M. Therrien.
Selon ce dernier, en plus d’«alléger l’achalandage sur la ligne orange», cette nouvelle ligne de métro permettrait d’«aller chercher de nouvelles clientèles» pour le réseau du métro par le biais de rabattements par autobus vers des stations de la ligne rose.
Alors que le prolongement de la ligne bleue menace de rendre la ligne orange du métro encore plus bondée aux heures de pointe, des experts reconnaissent l’importance de construire une nouvelle ligne de métro dans la métropole, peu importe sa couleur.
«Que ça soit la ligne rose ou une autre, c’est pratiquement certain qu’il va y avoir une nouvelle ligne de métro dans les prochaines années, parce que c’est la seule solution qui fonctionne pour désengorger le réseau», a affirmé l’associé de recherche pour la Chaire Mobilité de Polytechnique Montréal, Pierre-Léo Bourbonnais, qui craint que des adeptes du métro optent pour la voiture dans les prochaines années si le réseau devient trop saturé.
Un constat que partage le chargé de cours Pierre Barrieau, qui enseigne l’urbanisme et la planification du transport dans plusieurs universités de la métropole.
«Actuellement, il y a énormément de projets qui sont sur la table à dessin. Est-ce que, à long terme, il va y avoir une nouvelle ligne de métro? Oui. C’est une nécessité», a-t-il soutenu.
L’expert a d’ailleurs salué la décision de la métropole de «se battre» avec Québec afin que ce projet de transport en commun puisse «faire son chemin de pèlerin».
«La ligne rose, elle est loin d’être prête à être financée. Mais l’idée, c’est qu’on soit prêts quand les gouvernements provincial et fédéral seront ouverts à financer», a-t-il noté au sujet de la pertinence de réaliser des études complètes sur ce projet.