Les personnes qui souffrent de dépression, souvent accentuée par le manque de luminosité en hiver, devraient éviter les aliments trop sucrés pour en réduire les symptômes, à en croire des chercheurs américains.
Une équipe de psychologues de l’Université du Kansas a consulté de précédentes recherches sur les effets physiologiques et psychologiques de la consommation de sucre ajouté. Ces recherches comprenaient des données de la Women’s Health Initiative Observational Study, qui avait fait appel à 161 808 femmes depuis 1993, et à l’étude NIH-AARP Diet and Health Study, à laquelle avaient participé 567 169 personnes.
Leurs résultats, repris en ligne dans la revue Medical Hypotheses, montrent que la consommation d’aliments sucrés, qui est particulièrement fréquente en cette période de l’année, pourrait causer une partie des processus métaboliques, inflammatoires et neurobiologiques liés à la dépression.
La combinaison de forte consommation de sucre, de journées plus sombres, ainsi que des changements d’habitudes de sommeil associées à l’hiver, pourraient, de manière combinée, avoir un effet néfaste sur la santé mentale, ont noté les scientifiques.
«Pour de nombreuses personnes, une exposition réduite à la luminosité au cours de l’hiver va perturber leurs rythmes circadiens et leurs habitudes de sommeil et pousser 5 à 10% de la population vers un épisode généralisé de dépression clinique», a expliqué le co-auteur Stephen Ilardi.
Le professeur Ilardi a ajouté que le fait de souffrir de ces symptômes de dépression saisonnière pouvait donner envie de manger du sucre en surabondance, ce qui a comme conséquence d’améliorer temporairement leur humeur, ce qui peut encore empirer les symptômes.
«L’une des caractéristiques communes de la dépression hivernale est une envie irrépressible de sucre», a-t-il expliqué. «Nous avons donc jusqu’à 30% de la population qui souffre d’au moins quelques symptômes de dépression hivernale, ce qui leur donne envie de manger des sucres rapides, et à une période où ils sont constamment confrontés à des sucreries en période de fêtes. »
«Lorsque l’on consomme des sucreries, elles agissent comme une drogue», a noté le professeur Ilardi. «Elles ont un effet immédiat sur l’amélioration de l’humeur, mais à forte dose elles peuvent avoir des conséquences pernicieuses et paradoxales sur le long terme et empirer l’humeur, réduire le bien-être, élever l’inflammation et causer une prise de poids.»
À en croire les chercheurs, le sucre pourrait non seulement augmenter l’inflammation, qui est liée à la dépression, mais aussi affecter le microbiome intestinal. Certains microbes parasites qui vivent dans notre intestin prospèrent grâce au sucre.
«Ils peuvent produire des réactions chimiques qui mettent le cerveau dans un état d’anxiété, de stress et de dépression. Ils sont aussi hautement inflammatoires», ajoute le professeur Ilardi. Il a par ailleurs recommandé de se méfier de l’alcool qui regorge aussi de sucre.
«Nous disposons de preuves montrant qu’une boisson alcoolisée par jour serait sure, et qu’elle peut avoir un effet bénéfique sur certaines personnes». En revanche l’alcool est très calorique, très énergétique mais ne contient pas de nutriments et est très toxique à fortes doses. «Les sucres sont très similaires. Nous nous en rendons compte en période de dépression, les personnes qui optimisent leur alimentation devraient fournir tous les nutriments nécessaires au cerveau et surtout éviter ces toxines potentielles.»
Le professeur Ilardi recommande de limiter les aliments ultra-transformés et de privilégier les fruits et légumes et les omégas 3. Côté sucre, l’équipe de chercheurs conseille de les limiter tout au long de l’année et pendant les fêtes.