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«Pas facile»

Foulard lumière

Petit sac de gros sel et split sur la glace vive! Quel janvier de rêve. Menu verglas, brise printanière et surtout, surtout, que d’affriolants constats: on peut se calmer les nerfs avec le coronavirus (surtout si l’on danse présentement la conga sur une croisière en Italie), Laurent Duvernay-Tardif prend une petite pause de fabrication de bols artisanaux et… Éric Lapointe trouve que c’est «pas facile».

Pas facile d’écrire une toune sur un vieux paquet d’Export A? Pas facile de dompter ses bouclettes malgré l’humidité relative? Que nenni. Éric trouve que c’est «pas facile» d’être accusé d’avoir frappé une femme après un party d’anniversaire qui «aurait dégénéré», nous confiait cette semaine son avocat à la Cour municipale de Montréal.

Il vous est maintenant permis de garrocher votre tasse de café dans les airs et/ou de tomber en bas de votre chaise et/ou de vous défenestrer en hurlant «BEN VOYONS DOOOOONC!» Alors. Éric, éclaire tante Cathie.

C’est «pas facile» dans quel sens, exactement? Dans le fait de t’être fait pincer? D’avoir perdu ta belle grand’ chaise rouge à La Voix? Dans le fait de sans cesse te faire achaler avec cette petite veillée «qui a dégénéré» quand t’as juste envie de parler de bermudas de cuir et de rock velours? Ou si c’est le fait d’avoir frappé une femme qui te mine?

J’étais une inconditionnelle. Une qui faisait grésiller tes records, fenêtres de char baissées et plaisir dénué de toute culpabilité de hurler mon amour pour ta poésie de ruelle et tes hymnes écorchés saucés dans le sirop.

Je suis aujourd’hui révoltée que des journaux te titrent le «pas facile» sans pudeur aucune, partisans du grand malheur que tu sembles traverser, de ta tragédie, de ton agacement et de tes petits yeux qui roulent d’exaspération jusqu’à Nashville.

C’est vrai, on est fatigantes, les dames qui en ont leur saint-calvaire de voyage de fermer leur boîte. De vivre dans la peur. Dans le silence et sur le qui-vive.

Tes salles sont pleines, Éric. Elles le seront sans doute toujours. Au moindre claquement de bagues, ils accourent.

Tous ces gens qui te font confiance, qui te vouent une admiration sans bornes, une reconnaissance infinie de les aider à traverser cette chienne de vie au rythme de tes hits.

Ces gens-là sont encore là. Certains, pas prêts à te laisser aller, incapables d’y croire ou profondément enterrés dans un déni que même une vidéo certifiée dudit incident ne saurait convaincre.

Comme pour 100 autres abuseurs allégués, ton aura de rock star et ton charisme fauve te sauveront de tous les maux. Ne crains rien, Éric. Ça ira. Même si c’est «pas facile».

Tu pourras continuer d’étendre du beurre de cachou sur tes toasts et t’endormir, chaque soir, dans ton petit pyjama de soie, dans la plus inébranlable des certitudes: le doute collectif, si petit soit-il, protégera toujours les monsieurs aux mains baladeuses et aux poings festifs, en parfaite harmonie avec ces médias qui détestent les femmes et qui préfèrent parler de tragédie plutôt que de violence conjugale.

La bise.

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