Le bureau régional des Amériques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé mardi les dirigeants politiques à prendre des décisions basées sur des faits, et non la partisanerie, alors que les États-Unis et le Brésil totalisent à eux seuls quelque 4 millions de cas confirmés de COVID-19, faisant du continent le «centre de la réponse pandémique».
«Nous devons laisser les données, et non la passion, guider nos actions», a martelé la directrice de l’Organisation panaméricaine de la Santé (OPS), Carissa F. Etienne, lors d’une mêlée de presse virtuelle. Elle s’est inquiétée que les pays qui «relaxent les mesures trop rapidement» font face à de nouvelles vagues de transmission du virus.
Selon la docteure, la bataille dans les Amériques sera «particulièrement difficile», mais elle est loin d’être perdue. «Nous avons la volonté, la solidarité et les outils pour combattre la pandémie. Seulement, il faut baser nos décisions sur les informations les plus récentes», a-t-elle réitéré, soulignant que «la complaisance est notre ennemi dans la bataille.
D’ailleurs, pour planifier leurs interventions contre le coronavirus de manière «efficace», les pays devront éventuellement prendre en compte l’aspect géographique, d’après Mme Etienne. «C’est important de regarder au-delà des données nationales ou régionales, mais aussi de se concentrer sur le niveau local», illustre-t-elle, soulignant qu’aux États-Unis, chaque secteur a ses propres réalités.
«On doit prendre en compte une mosaïque d’éléments. En l’absence d’un vaccin, les outils qu’on a sont limités. Nous devons donc utiliser le meilleur d’entre eux.» -Carissa F. Etienne, de l’OPS
Quel impact aura l’Influenza?
Des températures plus froides sont attendues dans les prochains mois pour une bonne partie du continent sud-américain, et l’Influenza devra être surveillée de près, dit l’OPS. «Nous devons également être conscients que d’autres défis pourraient survenir. La saison de la grippe arrive dans le sud, et peut compliquer les choses», a noté Mme Etienne.
Le responsable des incidents de l’organisme, Sylvain Aldighieri, abonde relativement dans le même sens.
«On est préoccupés, et on a déjà fait des recommandations pour augmenter la surveillance. Nous supporterons également les États pour implanter des fortes campagnes de vaccination de la grippe, d’abord pour les travailleurs de la santé et les groupes à risque», a-t-il promis, reconnaissant que l’Influenza peut être un «énorme fardeau» sur un système de santé.
Encore beaucoup d’incertitude à l’OMS
Hier, alors que le monde atteignait les 10 millions de cas de coronavirus, le directeur général de l’OMS a réitéré ses vives inquiétudes à l’égard du déconfinement dans plusieurs pays, implorant les citoyens de ne pas négliger les mesures sanitaires comme la distanciation sociale et le port du masque pour freiner la transmission «qui s’accélère».
«Même si plusieurs États ont fait des progrès […], nous n’avons pas du tout stoppé la pandémie. Le virus a encore beaucoup d’espace pour bouger.» -Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui est aussi ancien ministre de la Santé de l’Éthiopie.
Aujourd’hui, cela fait exactement six mois que la Chine a rapporté son premier cas officiel de coronavirus. Au-delà de sa symbolique, cet anniversaire est un moment, selon l’OMS, «pour se rappeler des leçons que nous avons apprises», et de se «réengager à faire tout ce qui est possible pour sauver des vies».
Selon un comptage officiel de l’Université John Hopkins – qui dresse des bilans depuis le début de la pandémie – les États-Unis ont rapporté lundi 42 000 nouvelles infections, surtout dans le Sud et l’Ouest du pays. Ce dernier totalise maintenant tout près de 2,6 millions de cas confirmés, loin devant toutes les autres régions du monde.