La pandémie de COVID-19 est devenue un grave problème de santé publique partout sur la planète. Mais qu’en est-il des risques de contamination pour le fœtus de la femme enceinte?
De précédentes études suggéraient la possibilité d’une transmission mère-enfant prénatale, mais une nouvelle étude en apporte des preuves, a souligné une équipe de chercheurs citée sur le site EBioMedecine, publié par The Lancet, une référence en matière médicale.
«Dans cette étude, résument-ils, nous fournissons des preuves à l’appui de la transmission de l’infection par le SRAS-CoV-2 d’une femme enceinte à terme COVID-19 à son nouveau-né, qui s’est avérée positive pour le SRAS-CoV-2 et a développé une pneumonie peu après la naissance. Des protéines virales et de l’ARN [acide nucléique très proche chimiquement de l’ADN, ndlr] ont été détectés dans plusieurs sous-ensembles cellulaires et dans des cellules inflammatoires maternelles. De plus, des particules compatibles avec le coronavirus ont été identifiées par microscopie électronique dans plusieurs cellules et éléments.»
Les effets et les conséquences du COVID-19 sur les femmes enceintes et leurs nourrissons restent toutefois mal compris. Les effets indésirables sur les femmes infectées par le SRAS-CoV-2 au cours du premier trimestre sont rares et peuvent entraîner une perte de grossesse précoce. Plusieurs rapports récents décrivant des cas individuels ou des cohortes de femmes COVID-19 infectées au cours du troisième trimestre de la grossesse ont indiqué que les complications sont généralement similaires à celles survenant chez les femmes non enceintes, mais on a noté une augmentation de la prévalence des accouchements prématurés.
Récemment, deux études ont fourni des preuves supplémentaires de la présence du SRAS-CoV-2 dans le placenta.
Dans la première étude, une femme enceinte au deuxième trimestre avec COVID-19 symptomatique a eu une prééclampsie sévère et un décollement placentaire. Des test ont permis de confirmer la présence du virus SRAS-CoV-2 dans le placenta.
Dans une autre étude, deux nouveau-nés nés de femmes symptomatiques de la COVID-19 se sont révélés positifs par un prélèvement nasopharyngé sur écouvillon immédiatement après la naissance et au 7e jour post-partum, mais aucun d’entre eux n’a développé de symptômes liés à l’infection. Le placenta des deux cas était positif pour le SRAS-CoV-2
Par ailleurs, à la mi-août, des médecins français ont rapporté le premier cas confirmé de contamination intra-utérine à la COVID-19, dans une étude publiée il y a quelques jours dans Nature Communications.
«Nous avons montré que la transmission de la mère au foetus est possible via le placenta dans les dernières semaines de grossesse, a dit à l’AFP Dr Daniele De Luca, de l’hôpital Antoine Beclere de Clamart, auteur principal de l’étude.
Toutefois, selon le gouvernement du Québec, il y aurait peu de risques pour le nouveau-né. Sur le site de la Santé, on apprend que «parmi les cas étudiés de femmes enceintes qui ont eu le virus qui cause la COVID‑19 dans le monde, aucun bébé n’a été infecté durant la grossesse. Le virus qui cause la COVID‑19 n’a pas été détecté dans le liquide amniotique, le placenta ou le lait maternel des femmes enceintes infectées. Selon les connaissances actuelles, la COVID‑19 n’entraînerait pas de malformation congénitale chez les fœtus des mères infectées».
Or, ces études récentes contredisent en partie ces informations, preuve que les connaissances relatives au coronavirus évoluent rapidement.
Toutefois, un élément réjouit la gynécologue-obstétricienne Isabelle Boucoiran, qui pratique au CHU Ste-Justine. Et celui-ci n’a pas changé depuis le début de la pandémie. Il concerne l’allaitement maternel, que les gouvernements québécois et canadien recommandent même pour les mères atteintes du coronavirus, contrairement aux États-Unis à d’autres pays dont les positions ont été très prudentes. «Au contraire, dit Mme Boucoiran, la tendance est à conseiller l’allaitement dans plusieurs pays.»