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COVID-19: verra-t-on plus d’éclosions durant l’hiver québécois?

Une jeune femme marche au coeur de l'hiver

Des épidémiologistes québécois confirment qu'on peut s’attendre à ce qu’il y ait davantage d’éclosions cet hiver.

Peut-on s’attendre à ce qu’il y ait davantage d’éclosions de COVID-19 cet hiver? «Oui», répondent plusieurs épidémiologistes québécois. Selon certains, le Québec aurait même tout intérêt à durcir davantage ses restrictions. 

D’un côté, on a des études qui montrent que le virus de la COVID-19 est rapidement inactivé par le soleil et les fortes températures. De l’autre, on sait que les comportements changent en hiver. Par exemple, les gens passent plus de temps à l’intérieur dans des espaces clos. 

Sur la base de ces deux points, peut-on s’attendre à ce qu’il y ait davantage d’éclosions de COVID-19 cet hiver? 

«Absolument, répond Brian Ward, professeur au Département de médecine de l’Université McGill. Les déplacements à l’intérieur vont considérablement augmenter la transmission du virus.» 

Selon Dr Ward, le Québec flirte présentement avec une expansion exponentielle. Il est urgent d’agir. 

«Nous devons ramener le taux de reproduction du virus en dessous de 1 le plus rapidement possible ou le nombre de cas augmentera ou restera très élevé», selon le médecin.  

Davantage de mesures de restrictions?

Même son de cloche du côté de sa collègue, Dre Anne Gatignol, spécialiste en virologie à McGill. Selon elle, le Québec n’a pas d’autre choix que d’opter pour davantage de mesures restrictives. 

Le principal risque cet hiver, selon elle, est la propagation de la COVID-19 de personne à personne dans des moyens ou des grands rassemblements. 

«Si tout le monde respectait la distance, le masque, le lavage des mains et restait à la maison au moindre symptôme respiratoire, on pourrait limiter les fermetures de commerces moins à risque. Mais rien qu’avec 1% qui ne respecte pas [les consignes], tout est compromis.» -Dre Anne Gatignol 

«Le gouvernement n’aura pas d’autres choix, croit aussi Pierre Talbot, professeur à l’INRS, et spécialiste des coronavirus. Oui, nous avons atteint un plateau, mais c’est fragile. Autoriser l’Halloween, par exemple, n’était pas nécessaire.»

Selon lui, Québec devrait même considérer le reconfinement dans les écoles ou au travail si le nombre de cas augmentaient de façon trop marquée. 

Mieux tracer pour mieux contrôler

Pour l’épidémiologiste Caroline Quach-Thanh, en revanche, le confinement total ne devrait être utilisé qu’en dernier recours. Celle qui enseigne à l’UdeM insiste surtout sur la mise en place d’une capacité de traçage adéquate par le gouvernement. 

«Ce qu’il nous faut, c’est la capacité d’identifier le plus précisément possible le risque qu’un individu donné soit COVID positif, compte tenu soit de son historique de contacts, de ses comportements ou d’un résultat de test obtenu rapidement.» -Dre Caroline Quach-Thanh, épidémiologiste

Elle cite notamment les exemples de la Nouvelle-Zélande et de la Corée du Sud qui ont maintenu ainsi leurs activités sociales.

Cela dit, la rigueur de l’hiver québécois ne sera pas un facteur aggravant, selon la médecin.  

«Quand on regarde les pays scandinaves, leur contrôle de la pandémie a été excellent. Je ne pense donc pas que la rigueur de notre hiver jouera un rôle additionnel.»

L’importance d’une bonne ventilation

De plus, Dre Quach-Thanh insiste sur le maintien d’une ventilation correcte. Selon elle, ce sont les endroits «partiellement mal ventilés» qui pourraient être à l’origine d’une hausse de cas durant la saison froide. 

Même constat de Dre Gatignol. 

«Le chauffage n’augmente pas les risques sauf s’il s’agit d’air pulsé par un système de ventilation qui irait d’un appartement à un autre dans les immeubles, indique-t-elle à Métro. Par contre, dans les lieux publics comme les écoles ou les lieux de travail, un bon système de ventilation qui n’envoie pas l’air d’une personne à une autre est important.»

Et l’immunité collective?

Pour Dr Brian Ward, si une transmission active pendant l’hiver pourrait augmenter le nombre de personnes immunisées «naturellement», les hôpitaux seraient, en revanche, trop vite débordés. 

Et ce, «bien avant qu’une immunité collective suffisante ne soit atteinte», déplore-t-il. 

Sur ce point, Dre Anne Gatignol rappelle qu’avec le temps, on observe une baisse de l’immunité dans le cas des coronavirus.

«Il y a donc de fortes chances que ce virus devienne saisonnier avec recrudescence en hiver. Les personnes atteintes pourraient garder une petite partie de l’immunité, mais ce ne sera pas suffisant pour avoir une immunité collective qui éteindrait le virus.» -Dre Anne Gatignol 

Selon la médecin, cette immunité globale ne pourra venir qu’avec un vaccin. 

Sur la question de la saisonnalité du virus, une récente étude scientifique rappelle d’ailleurs que même en été l’incertitude reste élevée. Selon celle-ci, la probabilité de doubler les taux hebdomadaires y demeure de plus de 20% en l’absence d’interventions sociales. 

Par conséquent, «des interventions agressives seront probablement nécessaires malgré les tendances saisonnières», peut-on y lire. Été comme hiver, il faudra donc continuer de faire attention. 

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