Lors de sa plaidoirie, l’avocat d’Éric Salvail a tenté de convaincre le juge que les allégations d’agression sexuelle, de harcèlement criminel et de séquestration sont une histoire inventée par le plaignant, puisque les emplois de l’accusé ne lui auraient pas permis de commettre les actes reprochés.
Le procès de l’animateur déchu s’est poursuivi mercredi au palais de justice de Montréal.
Un ancien collègue de Salvail, Donald Duguay, l’accuse de l’avoir harcelé et agressé sexuellement à répétition. Tous les événements allégués se seraient déroulés à la Maison de Radio-Canada au début des années 90.
Éric Salvail a toujours nié les accusations, les qualifiant de «farfelues». «Je n’agresse pas les gens dans la vie», avait-il déclaré à la barre.
La défense a plaidé que l’accusé n’avait pas pu commettre ces gestes puisqu’il ne travaillait pas dans le même département que la victime alléguée au moment des faits allégués.
L’élément «le plus crucial» pour prouver qu’il s’agit d’une histoire inventée, selon la défense, est le dossier d’employé d’Éric Salvail. Celui-ci remonte à l’époque où il était employé de la Société Radio-Canada. On y retrouve par exemple l’endroit physique où l’homme a travaillé, ainsi que la période de temps.
«Ce dossier sera pour M. Salvail une mine d’informations pertinentes objectives et qui corroborera son témoignage», a déclaré son avocat, Me Michel Massicotte.
Crédibilité de Donald Duguay
La défense s’est aussi attaqué à la crédibilité de Donald Duguay. Me Massicotte l’a dépeint comme «une personne qui est capable de mentir, de répandre des faussetés, même auprès de gens qui tentent de l’aider, comme son avocate».
Il fait notamment référence à des courriels envoyé par Donald Duguay à la procureure de la Couronne, Me Amélie Rivard. Le témoin remettait en cause la compétence de Me Rivard.
«S’il fait des affirmations en l’air vis à vis des alliés, pouvez-vous imaginer quelles sortes d’affirmations il peut faire sur mon client?», a demandé Me Massicotte au juge.
Il a tenté de démontrer que le témoignage du plaignant comprenait des «invraisemblances, des exagérations, des contradictions et des ajouts de versions antérieures.» Pour ce faire, il l’a comparé à ses déclarations aux policiers.
«M. Duguay a tendance à aller d’une version à l’autre, a fait valoir l’avocat. Il semble très à l’aise d’aller d’une version à l’autre alors que la preuve démontre qu’il se contredit quand ce n’est pas des exagérations ou carrément des faussetés.»
Saga judiciaire
Les procédures judiciaires dans ce dossier durent depuis 20 mois. Le Service de police de Montréal (SPVM) a d’abord arrêté Éric Salvail en janvier 2019. Il a ensuite comparu le mois suivant.
Depuis, une autre plainte pour agression sexuelle a été déposée contre lui au SPVM, selon divers médias. Aucune accusation n’a été portée contre l’ex-animateur jusqu’à présent dans cet autre dossier.
Les audiences du procès en cours ont débuté le 17 février 2020 avec le témoignage de la victime présumée.
Pour sa part, Éric Salvail a présenté une défense de bon caractère qui est aujourd’hui contestée par le Directeur des poursuites criminelles et pénales.
Lundi, la Couronne a déposé en preuve trois nouveaux témoignages d’anciens collègues de Salvail.
Ceux-ci ne peuvent être identifiés. Ils disent avoir été victimes d’attouchements sexuels et de propos à caractère sexuel de manière constante et répétitive de la part d’Éric Salvail.
Les trois hommes ont fait des déclarations au SPVM à la mi-mars, sans toutefois déposer de plainte contre lui. Leur but était de rectifier l’image erronée et fausse
que l’animateur déchu a donné de lui au juge, rapportait Radio-Canada.
Jeudi, ce sera au tour de la procureure de la Couronne, Me Amélie Rivard, de plaider. Le juge Alexandre Dalmau devra ensuite trancher.