Confinement ne veut pas dire isolement, assure une psychologue. Pour elle, ce n’est pas parce qu’on est confiné qu’on doit se sentir isolé. Alors, comment briser ce sentiment et aller mieux? Zoom sur quelques conseils et une nouvelle initiative.
La pandémie nous l’aura appris brutalement: les conséquences du sentiment d’isolement sur la santé mentale sont nombreuses.
Dans un récent sondage mené par l’Ordre des psychologues du Québec auprès de ses membres, 86% des psychologues constatent ainsi une hausse de la détresse chez les gens qui les consultent.
Qui plus est, selon l’INSPQ, la crise sanitaire pourrait même aggraver des facteurs de risque de suicide reconnus.
«Il y a une pandémie parallèle en santé mentale, explique à Métro la présidente de l’Ordre des psychologues du Québec, Christine Grou. Ce qui rend les choses difficiles, c’est que cette pandémie est longue. On n’est pas capables non plus d’en prévoir la fin, et on n’a aucun contrôle sur la suite.»
Les appels au bureau privé du psychologue Stéphane Migneault, eux, se sont multipliés ces derniers temps, au point que les gens sont désormais sur une liste d’attente.
«C’est quand même préoccupant. Mes collègues font tout pour voir le plus de gens possible, mais il n’y a que 24h dans une journée», dit-il.
Quand confiné ne veut pas dire isolé…
Cela dit, la psychologue Christine Grou croit qu’il est important de faire la différence entre isolement et confinement. Quand on est confiné, on a quand même la possibilité de maintenir un lien significatif avec une personne, indique-t-elle.
Et ce lien peut tout changer, comme l’explique à son tour M. Migneault.
«Durant la première vague de la pandémie, je discutais sur Zoom avec un ami d’enfance, tous les mardis à midi, pendant 45 minutes», raconte-t-il. Selon lui, ce genre de rituel est important.
Même la connexion avec un animal de compagnie peut avoir un «effet protecteur», dit-il en entrevue avec Métro.
«Je l’ai vu chez beaucoup de gens avec un passé difficile et qui vivaient de l’isolement. Avoir un animal de compagnie, même un poisson, peut faire la différence. Ça fait quelqu’un d’autre que soi-même dont il faut s’occuper.» -Stéphane Migneault, psychologue
Comment aller mieux?
Outre le fait de prendre soin de son alimentation et de sortir dehors chaque jour, le psychologue Migneault ajoute que les choses les plus simples sont parfois les plus efficaces.
«Une cliente parvenait à ne plus penser à ses problèmes en faisant des casse-têtes, dit-il. Si l’on a des colocataires, on peut aussi jouer aux cartes. Ça peut permettre de décrocher à 100%.»
Mme Grou conseille quant à elle de ne pas oublier que cette pandémie va avoir une fin, et de vivre chaque émotion négative sans honte ni culpabilité.
«Oui, on va être moins productif. On va peut-être manger davantage, s’entraîner moins. Mais ce n’est pas grave.» -Christine Grou, psychologue
Et les jeunes?
Du côté des jeunes, les chiffres compilés par la Direction de la santé publique de Montréal ne sont pas joyeux non plus.
Les résultats d’un sondage effectué entre le 4 et le 14 septembre 2020 révèlent ainsi que 46% des jeunes Montréalais âgés entre 18 et 24 ans rapportent des symptômes compatibles avec l’anxiété généralisée ou la dépression majeure.
La présidente Christine Grou croit qu’il est important pour eux de varier leurs activités: marches, vraies conversations sur FaceTime ou encore jeux en ligne.
Quant aux réseaux sociaux, la modération est de mise.
«Il faut se rappeler l’illusion des réseaux sociaux, et arrêter d’avoir l’impression qu’on est le seul pour qui rien ne va aujourd’hui. Parce que c’est un leurre.» -Christine Grou, psychologue
Les vedettes se mobilisent pour aider la population
C’est dans ce contexte de confinement, et afin de briser cet isolement, qu’une nouvelle plateforme visant à rassembler des personnalités et leurs admirateurs a été lancée.
Appelée HeyAllo, celle-ci permet au public d’offrir ou de se voir offrir des messages vidéo personnalisés d’une personnalité.
«Avec l’isolement général que nous devons vivre actuellement, l’idée nous est venue de créer une nouvelle avenue de connexion entre le public et ceux qu’ils admirent.» -Véronique Dussault, fondatrice de HeyAllo
HeyAllo prévoit en outre d’envoyer des contenus personnalisés gratuitement aux plus isolés, comme les enfants hospitalisés, les personnes âgées ou encore les plus défavorisées.
Jusqu’à présent, plus de 30 personnalités sont inscrites, dont Véronique Cloutier, Louis Morissette, ou encore la finaliste de Canada’s Drag Race, Rita Baga.
Pour Stéphane Migneault, la télévision québécoise devrait sérieusement penser à concevoir une émission dans laquelle des professionnels en santé mentale viendraient donner leurs trucs et astuces pendant 90 minutes.
«Je crois que c’est aussi important que de chercher un vaccin», dit-il.