Le 30 septembre 2021 marque la toute première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, une journée instituée pour rendre hommage aux enfants disparus, aux survivants des pensionnats, leurs familles et leurs communautés. Si certains leaders autochtones saluent l’initiative, d’autres préfèrent cependant l’action à la commémoration.
Si le gouvernement du Canada a déjà décrété le 30 septembre comme un jour férié fédéral, Québec a toutefois rejeté l’idée d’un jour férié provincial. Le premier ministre québécois, François Legault, estime qu’il y a déjà assez de jours fériés.
Par contre, M. Legault est d’accord pour souligner cette journée des peuples autochtones.
La présidente de l’organisation Femmes autochtones du Québec (FAQ), Viviane Michel, pense que c’est déjà «un premier pas» de reconnaître les torts qui ont été causés.
«Mais posons-nous la question: pourquoi est-ce que c’est si facile pour le fédéral [d’en faire un jour férié] et pourquoi c’est si difficile pour le provincial? Il y a des choses à retravailler avec le côté provincial», ajoute-t-elle cependant.
Pour le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL), Ghislain Picard, le fait que la journée soit fériée ou non est secondaire.
«Ce qui importe pour moi, c’est la signification de la journée du 30 septembre, dit-il. C’est une journée de mobilisation pour commémorer les victimes des pensionnats autochtones, les survivants et leurs familles. Il faut relever l’importance de cet épisode sombre dans l’histoire canadienne.»
Pas de célébration, des actions
De son côté, la directrice générale du Foyer pour Femmes Autochtones de Montréal et la codirectrice de Résilience Montréal, Nakuset, aurait plutôt préféré qu’on décrète la Journée nationale des peuples autochtones, tenue chaque 21 juin, comme un jour férié.
«Pourquoi faire un férié au sujet des pensionnats alors qu’il s’agit de douleur, de traumatismes et de fosses humaines? Qui fait la fête? Personne ne le célèbre ce jour-là. Ce qu’on fait, c’est juste mettre un microscope sur la douleur…», déplore-t-elle.
Nakuset veut privilégier l’action à la commémoration le 30 septembre. C’est pourquoi, en collaboration avec l’APNQL, le Foyer pour Femmes Autochtones de Montréal organise une marche aujourd’hui à Montréal.
Intitulé «Chaque enfant compte», le rassemblement débute à 13h à la place du Canada, située au coin des rues Peel et René-Lévesque. Des conférenciers, une cérémonie et des tambours précéderont la marche vers la Place des Arts, où auront lieu des discours de leaders autochtones et des performances d’artistes.
«Nous n’allons pas seulement réfléchir. Qu’est-ce que signifie »refléter? » Ça ne veut rien dire. Ce dont nous avons besoin, ce sont des actions», déclare la femme crie.
Envoyer des assignations à comparaître
D’ailleurs, Nakuset estime que le peuple autochtone a plutôt besoin d’actions concrètes, comme le recours aux tribunaux pour faire la lumière sur les circonstances entourant la mort des enfants retrouvés sur les sites d’anciens pensionnats.
«Que des avocats contactent toutes les personnes qui ont travaillé dans ces pensionnats où il y a des fosses communes, qu’ils leur envoient un subpœna et qu’ils les amènent devant les tribunaux pour qu’ils témoignent de ce qui s’est passé», fait-elle valoir.
Nakuset demande l’imputabilité et le changement de la trame narrative. «C’était l’idée à qui de construire la première tombe, et la seconde, et les 6500 autres? Qui était en charge? Pourquoi n’avez-vous pas appelé les familles? C’est ce qu’on a besoin de savoir. Nous devons changer le récit de ce qui s’est passé», ajoute-t-elle.