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Culture et citoyenneté québécoise: un risque d’«instrumentalisation politique»

Le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge

La transformation du cours d’éthique et culture religieuse par la culture et citoyenneté québécoise inquiète le syndicat des enseignants. Il faut empêcher que ce cours devienne «une instrumentalisation de l’éducation à des fins politiques, à un an du scrutin provincial», prévient-on.

Définir les valeurs québécoises pour ensuite les inculquer s’avère un exercice périlleux, estime la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN).

«Ce que nous souhaitons éviter, c’est que ce nouveau cours ne devienne le-guide-du-bon-Québécois-caquiste», admet le vice-président du syndicat, Léandre Lapointe.

Dimanche, le gouvernement a annoncé l’arrivée du nouveau cours visant à «développer une pensée critique en approfondissant leur compréhension de la culture et de la citoyenneté québécoise». Le tout a été souligné par une conférence de presse, en plus d’une vidéo promotionnelle.

«Quand, en plus, le premier ministre vient conclure sa vidéo promotionnelle sur ce cours avec un slogan électoral comme Un Québec plus fier, ce n’est rien pour rassurer les professionnels de l’éducation», critique Léandre Lapointe.

Un cadre trop large?

Deux heures par cycle seront accordées au cours de culture et citoyenneté québécoise. C’est trop peu, estime le syndicat, compte tenu de l’ampleur de la matière qui y sera enseignée, passant par la culture, la citoyenneté québécoise et l’esprit critique.

Pour que le cours soit une réussite, les enseignants devront recevoir une formation adéquate, souligne-t-on aussi. «Le ministre doit apprendre des erreurs du passé afin de bien expliquer son nouveau cursus, et surtout, permettre à celles et ceux qui transmettent la matière de bénéficier du temps de formation nécessaire pour bien cadrer leur enseignement», estime M. Lapointe.

Aucun enseignant n’était présent à la conférence de presse pour annoncer le nouveau cours, déplore le syndicat.

Accueil favorable

Michel Chouinard, qui enseigne l’histoire et la géographie aux élèves de secondaire 1 de École La Voie depuis 2008, a accueilli favorablement l’annonce de François Legault. Si le programme du nouveau cours demeure vague, M. Chouinard ne craint pas que son contenu empiète sur ce qu’il enseigne en histoire. 

«D’autant plus qu’en secondaire 1 et 2, on n’aborde pas l’histoire du Québec ni du Canada. On se concentre davantage sur l’histoire du monde, donc je ne pense pas qu’il y ait un gros conflit de ce côté-là», dit-il. 

Ce n’est pas un avis que partage l’enseignant d’ECR à l’école secondaire Rosemount High School, Anthony Cooperwood. En entrevue à CBC, M. Cooperwood a mentionné le risque d’enseigner en double l’histoire. 

Des notions de vivre-ensemble?

Par ailleurs, Anthony Cooperwood déplore la perte du cours d’ECR, qui aborde l’importance du vivre-ensemble tout en offrant une meilleure connaissance des communautés culturelles et religieuses, dit-il. 

«Encore une fois, tout est une question de savoir. Comment tu peux être tolérant de quelque chose dont tu ne sais rien?», a-t-il mentionné en entrevue à CBC. 

Sans cours d’ECR, M. Cooperwood craint qu’on n’enseigne pas de la bonne manière les différences culturelles aux élèves, notamment «à travers le racisme et la discrimination».

De son côté, Michel Chouinard pense plutôt que «le cours d’ECR est quand même un cours d’éducation à la vie citoyenne».

«Dans le cours d’histoire de secondaire 1 et 2, on fait quand même des parallèles avec des notions qu’on voit en éthique», ajoute-t-il. 

Finalement, comme le gouvernement, M. Chouinard est d’accord pour qu’on ajoute une part de nationalisme dans l’éducation des jeunes au secondaire. «Je pense que c’est important que les enfants grandissent dans un pays où les gens sont fiers de leur pays», souligne l’enseignant. 

En collaboration avec Naomie Gelper

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