Le ministère de la Santé est incapable de récupérer les données personnelles liées à la vaccination lorsque celles-ci sont envoyées au mauvais récipiendaire. La situation soulève de potentiels problèmes de fraude.
Lorsque les Québécois sont vaccinés contre la COVID-19, leurs informations personnelles sont demandées. Elles sont ensuite utilisées pour créer la preuve vaccinale. Lors du processus, ces informations sont vérifiées avec le citoyen, pour s’assurer qu’elles sont exactes.
Mais cette étape a été oubliée lorsqu’Élodie* a été vaccinée la semaine dernière. Si bien qu’un mauvais numéro de téléphone a été utilisé pour l’envoi de sa preuve vaccinale, incluant ses informations personnelles. «Comme je ne recevais pas la preuve vaccinale, j’ai suivi les directives du ministère pour la télécharger moi-même. C’est là que j’ai vu qu’il n’avait pas utilisé le bon numéro de téléphone», dit-elle en entrevue avec Métro.
À ce moment, elle contacte le ministère, qui possède une ligne spécialement pour les personnes dont les preuves vaccinales contiennent des informations erronées. On lui indique alors que son réel numéro de téléphone a été ajouté à la preuve. Mais le premier, erroné, ne pourra être retiré.
«On ne peut rien faire pour vous malheureusement», indique un employé du service téléphonique du ministère dans un enregistrement partagé avec Métro.
Cela signifie donc qu’un inconnu a le plein accès à sa preuve vaccinale. Il y a notamment son nom, sa date de naissance et les informations relatives aux deux doses reçues. L’employé du ministère a également refusé d’inscrire une note au dossier. Élodie souhaitait ainsi signaler que la mauvaise personne avait reçu la preuve vaccinale.
Confidentialité compromise
Élodie craint donc que ses informations personnelles circulent sur le web. Et, éventuellement, qu’elle soit victime d’une fraude. «Lorsqu’on m’a dit qu’on ne pourrait pas annuler l’envoi de ma preuve à la mauvaise personne, je voulais sauter de ma chaise. Ce n’est pas normal. Et ce l’est encore moins lorsqu’on sait qu’il y a plusieurs solutions informatiques pour annuler un envoi.»
Impuissante devant la situation, elle persiste à croire qu’elle a bien fait de recevoir une deuxième dose de vaccin. Sauf que lorsqu’on se fait vacciner, révéler ses informations personnelles s’avère un passage obligé.
«Je regrette hautement d’avoir fait confiance au gouvernement avec mes données, avoue-t-elle. C’est quelque chose qui me dérangeait, mais avec la situation actuelle de la pandémie, je me disais que je pouvais accepter cette étape là.»
Devant la situation, Élodie considère une action en justice. Au moment de publier, le ministère de la Santé n’avait pas répondu à nos questions.
*Un nom fictif a été utilisé pour protéger l’identité de la personne.