Actualités

Agressions et transphobie: allégations et poursuite dans le monde des drag-queens

palais de justice

Les allégations publiques d’agressions et de harcèlement de divers types touchent maintenant le milieu du drag québécois. La drag-queen montréalaise Matante Alex, Alexandre Gemme de son vrai nom, est visée par plusieurs personnes qui l’accusent d’agression physique et de transphobie. Il a répliqué avec une poursuite en diffamation contre trois personnes, dont deux autres drag-queens de Montréal.

Matante Alex, qui a l’habitude de se produire au fameux Cabaret Mado et qui a déjà participé aux auditions de La Voix, affirme être victime d’une «campagne de salissage» de la part des drag-queens Denim Pussy et Kiara.

Matante Alex fait partie de l’émission télévisée Queen of the Universe, un concours de chant au cours duquel une drag-queen est couronnée. L’émission sera diffusée dès le 2 décembre à l’international. 

Dénonciations sur les réseaux sociaux

Le 13 novembre dernier, Denim Pussy a publié un texte sur ses comptes Twitter et Instagram dans lequel elle raconte comment elle a vécu sa relation avec Matante Alex de novembre 2019 à décembre 2020. 

«Durant le temps où j’ai vécu avec Alex, trois de ses colocs ont déménagé, dont deux étaient des femmes trans», écrit la drag-queen montréalaise.

Elle-même trans, Denim Pussy accuse Matante Alex d’avoir eu des comportements transphobes envers elle et une de ses colocataires de l’époque. Elle soutient également avoir été victime de violence physique de la part d’Alexandre Gemme. 

Le lendemain de la sortie de Denim Pussy, Kiara, une drag-queen qui a participé à la première édition de Canada’s Drag Race, a publié à son tour des allégations contre Matante Alex.

Kiara, qui a fréquenté Alexandre Gemme de mai 2018 à décembre 2018, puis durant l’année 2020, accuse Matante Alex de l’avoir manipulée, abusée et harcelée psychologiquement durant cette période. 

«Ma santé mentale s’est drastiquement détériorée et je travaille encore sur moi-même pour que je puisse gérer le résultat de ces abus», écrit Kiara, dont le vrai nom est Dimitri.

Dans son texte, Kiara mentionne également des allégations d’agression physique envers Denim Pussy et dit regretter de ne pas avoir agi à l’époque pour aider la drag-queen. 

Daphnée Schryve, artiste non binaire connu sous le nom de ARTSY, a aussi accusé Alexandre Gemme d’être un agresseur et un intimidateur transphobe sur son compte Instagram. Iel demandait qu’il soit disqualifié de l’émission Queens of the Universe. Daphnée Schryve est la troisième personne visée par la poursuite en diffamation. 

Par la suite, au moins deux autres personnes ont partagé leurs expériences d’abus avec Matante Alex dans des publications éphémères sur Instagram. Les textes de dénonciations ont été amplement relayés au sein de la communauté LGBTQ+ et plus particulièrement au sein de la scène drag. 

Poursuite en diffamation

Matante Alex nie toutes les allégations et a entamé des poursuites en diffamation après une tentative échouée de rencontre en médiation avec Denim Pussy et Kiara.

 Sa demande en injonction interlocutoire provisoire a cependant été rejetée par la Cour supérieure mardi, a indiqué à Métro la procureure des défenseurs, Maryse Lapointe.

Alexandre Gemme réclamait 60 000 $ en dommages moraux, matériels et punitifs, et 20 000 $ pour les honoraires judiciaires et extrajudiciaires.

«Le demandeur subit un préjudice sérieux et irréparable, en ce que les défendeurs refusent de cesser de propager des propos mensongers, diffamatoires et vexatoires à son égard», peut-on lire dans le document juridique déposé au palais de justice le 18 novembre dernier.

En effet, la drag-queen qui comptabilise plus de 35 000 abonnées sur la plateforme TikTok affirme avoir déjà perdu «un contrat pour un spectacle important ainsi qu’un contrat avec une agence». 

On mentionne également la perte de plus de 500 abonnés entre le 13 et le 17 novembre sur les réseaux sociaux. «Il s’agit d’une perte absolument dévastatrice pour le demandeur qui, à chaque jour qui passe, perd de potentiels followers, ce qui a un impact direct sur sa carrière et capacité de gains», ajoute-t-on. 

La poursuite estimait qu’il y avait une «urgence» d’agir afin de prévenir «tout préjudice futur surtout en raison de la diffusion de l’émission Queen of the Universe» en décembre prochain.

Un contexte particulier

Selon l’Institut national de santé publique, il est généralement reconnu que les personnes de la communauté LGBTQ+ vivent une situation de vulnérabilité particulière face à la violence dans un contexte conjugal.

Un mythe répandu veut que la violence entre deux personnes de même sexe n’est qu’une «querelle» parce qu’elle survient entre deux personnes de force égale. Au contraire, les chercheurs s’entendent pour dire que la violence dans les couples gais et lesbiens est au moins aussi répandue que celle qui existe dans les couples hétérosexuels.

Puisque la presque totalité des données disponibles et des études réalisées ne concernent que les personnes gaies et lesbiennes, il est toutefois difficile d’établir de façon précise l’ampleur de la violence conjugale chez l’ensemble des personnes de la communauté LGBTQ+.

Inscrivez-vous à notre infolettre et recevez un résumé, dès 17h, de l’actualité de Montréal.

Articles récents du même sujet

Exit mobile version