Le Québec fait le tour du monde et ce n’est pas pour les bonnes raisons. La saga des influenceurs qui ont tenu un party improvisé dans un avion en plein vol a retenu l’attention des médias internationaux, des États-Unis au Royaume-Uni.
Si les influenceurs partis faire la fête au Mexique pensaient se faire oublier à leur retour, c’est raté. En plus d’être passés dans Le Journal de Montréal et à la télévision, ils font maintenant les manchettes du Daily Mail à Londres et du New York Post.
Les deux médias expliquent comment Transports Canada en est venu à ouvrir une enquête, à la demande du ministre canadien des Transports, sur ce qui s’est passé durant ce vol Montréal-Cancun le 30 décembre.
La centaine de jeunes ayant participé aux festivités illégales sont désormais passibles d’amendes et d’interdictions de la part des transporteurs aériens.
Ils ont même du mal à revenir au pays. Après avoir vu leur vol de retour avec Sunwing Airlines annulé, ils ont tenté d’acheter un second billet d’avion. Or, la compagnie aérienne Air Transat a annoncé mercredi qu’elle refusera leur embarquement pour la sécurité des autres passagers et du personnel à bord. Air Canada lui a emboîté le pas en fin de journée.
Retour sur la saga
Tout a commencé alors que les passagers indisciplinés, dont plusieurs influenceurs populaires sur les réseaux sociaux, se sont filmés en train de danser debout sans masque, de vapoter, de boire de l’alcool ou autrement de faire le party à bord de l’avion affrété de l’entreprise Sunwing. On aperçoit notamment l’ancien candidat de la téléréalité Occupation double Karl Sabourin.
Les images publiées sur Instagram les montrant enfreindre de nombreuses règles de l’aviation ont ensuite été relayées par le Journal de Montréal le 4 janvier au matin.
Questionnée par le Journal, l’entreprise aérienne Sunwing indique alors avoir avisé les autorités compétentes de l’affaire et qu’une enquête sur l’incident est en cours.
Au courant de la journée de mardi, Sunwing décide finalement d’annuler le vol qui devait ramener la centaine de Québécois à Montréal.
En soirée, le ministre des Transports, Omar Alghabra, le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, et le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, annoncent par voie de communiqué qu’ils ouvrent une enquête sur les allégations de non-respect des règles et règlements concernant la COVID-19 et la sécurité aérienne.
Si le ministère établit qu’un non-respect de la réglementation et des exigences a eu lieu, des passagers pourraient se voir imposer des amendes d’un montant pouvant atteindre 5 000 $ par infraction.
Les voyageurs soupçonnés d’avoir enfreint les règles seront renvoyés vers l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC). Si l’un des voyageurs se retrouve avec des documents douteux ou frauduleux, comme une fausse preuve vaccinale, il peut se voir imposer des amendes d’un montant pouvant aller jusqu’à 750 000 $, une peine d’emprisonnement de 6 mois, ou les deux.
Ce midi, la compagnie aérienne Air Transat a déclaré sur Twitter qu’elle refusera l’embarquement aux personnes concernées.
Plusieurs règles enfreintes
Devant les images, le directeur de l’Observatoire de l’aéronautique et de l’aviation civile, Mehran Ebrahimi, est resté «stupéfait».
Selon lui, il n’y a aucun doute que le pilote de l’avion aurait dû détourner l’engin, considérant le party d’influenceurs en cours. «Dès l’heure que, pour une raison ou une autre, le pilote pense que la situation peut représenter un danger pour l’avion, le personnel et les passagers, il doit détourner l’avion», déclare-t-il.
L’expert souligne d’ailleurs que des avions ont déjà atterri d’urgence à un aéroport de détournement pour bien moins que ça.
En plus du non-respect des mesures sanitaires en vigueur, les passagers du vol ont enfreint de nombreuses règles internationales de l’aviation, explique Mehran Ebrahimi.
En effet, il est strictement interdit de fumer et de consommer son propre alcool à bord d’un avion. «Pourquoi c’est le personnel à bord de l’avion qui distribue les boissons? C’est pour pouvoir contrôler le débit de l’alcool. Est-ce que les gens savent que lorsqu’ils fument dans un avion ils peuvent faire fonctionner les détecteurs de fumée? Et ça, c’est le pire cauchemar des pilotes, car on ne sait pas s’il y a du feu dans la soute à bagages», poursuit M. Ebrahimi.
Le directeur de l’Observatoire de l’aéronautique et de l’aviation civile estime qu’une partie de la responsabilité de l’incident revient au personnel de l’avion et à la compagnie aérienne. «Est-ce que Sunwing qui a affrété cet avion [aux organisateurs du voyage] les a formés et informés des règles à suivre à bord? Ce n’est pas parce que c’est un avion affrété qu’ils n’ont pas à respecter les règles», souligne-t-il.
Après avoir déclaré avoir respecté toutes les instructions données par Sunwing durant le vol, l’organisateur de l’escapade, James William Awad, a tweeté mercredi qu’il prenait l’affaire très au sérieux.
«Une simple fête dans un avion a fait tout ce buzz. Je vais prendre un moment pour m’asseoir et repenser à tout. Surtout comment je peux mieux faire les choses la prochaine fois. Donnez-moi un moment pour mieux comprendre la situation», écrit-il.
L’artiste, aussi connu sous le nom de scène Senior, a également indiqué qu’il publierait une déclaration officielle sur Twitter demain à 11h15.