Quelques jours après le premier débat des chefs, les propos tenus par le premier ministre sortant au sujet de l’hôpital de Joliette ne passent pas. Jeudi soir dernier, à l’occasion de la grande soirée politique, François Legault a déclaré, lors d’une conversation sur l’affaire Joyce Echaquan et le racisme systémique, que «le problème était réglé à Joliette».
«Non, M. Legault, le problème n’est pas réglé à Joliette», a rétorqué Carol Dubé, le conjoint de madame Echaquan, en réaction à la déclaration du chef caquiste.
La famille de la défunte jeune femme, décédée dans des circonstances troublantes le 28 septembre 2020 à l’hôpital de Joliette, s’est dite «stupéfaite» face aux commentaires de François Legault, apprend-on dans un communiqué rédigé par l’avocat de la famille, Patrick Martin-Ménard.
Une rencontre «fortuite» avec François Legault
Lors de son intervention à propos de l’hôpital de Joliette, François Legault a déclaré avoir rencontré et discuté avec la famille de Joyce Echaquan.
La famille affirme qu’elle a souhaité une rencontre avec le premier ministre pendant près de deux ans après les tragiques événements, afin de faire part de son vécu et «d’avoir une véritable discussion sur les enjeux de racisme systémique et la sécurité des soins dans notre système de santé», souligne Patrick Martin-Ménard.
Une rencontre aurait en effet eu lieu, mais seulement le 26 juillet dernier, lors du passage du pape François au sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré et de manière complètement «fortuite», explique l’avocat.
«Lors de ce très bref échange, Monsieur Legault a demandé à Monsieur Dubé si, à son avis, la nomination d’un autochtone dans un poste de direction du CISSS de Lanaudière avait mené à des améliorations, ce à quoi Monsieur Dubé a acquiescé», détaille Monsieur Patrick Martin-Ménard.
Il n’y aurait pas eu d’autres échanges.
«Legault s’en lave les mains par pensée magique»
Pour les proches de Joyce Echaquan, malgré les commentaires optimistes du premier ministre sortant, le problème n’est pas réglé. «Monsieur Dubé n’a jamais indiqué au premier ministre que la situation était réglée», fait remarquer le défenseur de la famille.
Ce dernier trouve «déplorable que le premier ministre se permette de placer des mots dans la bouche de Monsieur Dubé à des fins purement électoralistes».
La famille regrette que François Legault ne l’ait pas rencontrée officiellement, dans les deux premières années suivant le drame.
D’après Patrick Martin-Ménard, François Legault n’aurait pas non plus pris le temps de lire le rapport de la coroner Géhane Kamel, déposé en septembre 2021.
«Il aurait réalisé que les problèmes systémiques ayant mené au décès de Madame Echaquan ne sont pas de nature à être réglés par des changements d’ordre essentiellement esthétiques», assène l’avocat de la famille.
Pour ce dernier, la façon dont François Legault aborde le problème est «de s’en laver les mains par pensée magique» et «reflète une vieille mentalité qui reproduit la dynamique à l’origine des problèmes ayant mené au décès de Madame Echaquan en premier lieu».
À ce jour, contrairement au Collège des médecins et à l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), le gouvernement du chef caquiste n’a pas reconnu l’existence du racisme systémique au sein des institutions québécoises. Jeudi soir dernier, lors du débat des chefs, François Legault a maintenu qu’il n’y avait pas de «système raciste».